En dépit d'une baisse importante de son volume d'affaires aux États-Unis, la firme de sécurité Garda World (T.GW) a haussé sa rentabilité au deuxième trimestre, grâce notamment à des réductions de coûts.

«On ne cache pas qu'on a vécu une crise l'année dernière, alors on a développé une nouvelle discipline encore plus rigoureuse sur le contrôle des coûts et le contrôle des marges», a déclaré mardi le président et chef de la direction de l'entreprise montréalaise, Stéphan Crétier, au cours d'un entretien téléphonique.

Il y a un an, alors que la crise financière venait d'éclater au grand jour aux États-Unis, Garda révélait avoir dû renégocier ses emprunts à des taux d'intérêts plus élevés. Le cours de l'action de l'entreprise avait plongé de 54 pour cent en une seule journée, avant d'atteindre un creux de 57 cents en décembre.

Mardi, l'action de Garda a bondi de 7,9 pour cent pour clôturer à 5,98$, à la Bourse de Toronto.

Au cours du trimestre qui a pris fin le 31 juillet, l'entreprise a enregistré un bénéfice net de 4 millions de dollars (13 cents par action), comparativement à la perte nette de 1,2 million (4 cents par action) inscrite pendant la même période de l'an dernier. Or, les analystes financiers s'attendaient à une légère perte nette.

Malgré une chute de 10 pour cent des revenus générés par le secteur du transport de valeurs aux États-Unis, le chiffre d'affaires de Garda a crû de 1,5 pour cent pour atteindre 273 millions (en excluant les activités de sécurité physique aux États-Unis et au Mexique, cédées au cours du trimestre). L'appréciation du dollar américain explique la hausse en grande partie.

M. Crétier n'a pu chiffrer l'ampleur des réductions de coûts, indiquant qu'il s'agit d'un «ensemble de petites choses». Il a évoqué un meilleur contrôle des heures de travail et des dépenses de maintenance.

La récession a aussi eu du bon. «Nos coûts de main-d'oeuvre sont plus bas parce qu'il y a moins de roulement de personnel, donc moins de coûts de formation, et moins de temps supplémentaire», a expliqué le dirigeant et principal actionnaire de Garda.

Le bénéfice d'exploitation des activités poursuivies a donc augmenté de 28 pour cent en un an pour atteindre 29,3 millions, bien au-delà du minimum de 25 millions prévu dans les conventions d'emprunt de Garda, a fait remarquer l'analyste Hugues Bourgeois, de la Financière Banque Nationale, dans une note.

Aux États-Unis, Garda commence à voir la lumière au bout du tunnel: ses volumes d'affaires dans le transport de valeurs ont recommencé à progresser en juin. Au Canada, les choses vont bien: les revenus de ce secteur ont crû de 3,8 pour cent au deuxième trimestre.

Dette en baisse

Stéphan Crétier s'est en outre félicité d'avoir pu rembourser quelque 110 millions de la dette de Garda, qui totalisait environ 600 millions plus tôt cette année. Le produit de la vente des activités de transport de valeurs aux États-Unis et au Mexique (43,3 millions), les flux de trésorerie ainsi que des fluctuations de devises favorables ont permis d'y parvenir.

«Plus notre niveau de dette va baisser, je pense que la perspective de risque autour de la compagnie va diminuer et que les actionnaires vont revenir à la maison», a estimé M. Crétier, qui continue de croire que l'action de Garda est «grandement sous-évaluée».

«D'ici six à neuf mois, on sera rentrés dans un contexte (d'endettement) beaucoup plus confortable», a-t-il promis.

La direction de Garda continue de prédire des revenus totaux de 1,2 milliard, un bénéfice d'exploitation de 130 millions et des profits nets de 20 millions pour l'ensemble de l'exercice.

Il reste qu'un sombre événement a ébranlé Garda au cours des dernières semaines: l'entreprise a reçu la confirmation que ses quatre employés britanniques enlevés en 2007 sont morts aux mains de leurs ravisseurs. Ils protégeaient un employé d'une firme conseil américaine.

Stéphan Crétier s'est dit attristé par ce drame, mais il entend néanmoins accroître sa présence dans le secteur des «services conseil en gestion du risque», plus particulièrement en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.

«Ca ne nous empêchera pas d'opérer dans ces endroits-là, a-t-il affirmé. On n'a pas le choix: les organismes humanitaires ont besoin d'entreprises telles que les nôtres. Si nous ne faisons pas le travail, ces organismes-là ne pourront pas évoluer dans ces pays-là.»