Du 23 août au 4 septembre, sous la houlette du Council of International Schools (CIS), une délégation de 13 universités canadiennes a mené une mission de recrutement dans le sous-continent. Pourquoi aller si loin?

«Les étudiants indiens sont recherchés pour leur performance académique et leur riche contribution à la vie étudiante sur les campus des universités canadiennes», fait valoir Ginette Sanfaçon, qui menait la délégation à Mumbai, Pune, Delhi et Bangalore.

Les Indiens sont certainement brillants et sans doute, ajoutent-ils une plus-value à la vie estudiantine canadienne. Mais surtout, ils représentent une manne pour les institutions d'études supérieures occidentales qui voient leurs effectifs chuter avec le vieillissement de leur population.

Ce ne sont plus que les pays du Commonwealth qui vont en Inde pour promouvoir la qualité de leur enseignement et la joie de vivre sur leurs campus. Même des pays comme la Pologne et la Finlande veulent leur part du curry indien.

Cette année, la délégation canadienne en était à sa cinquième tournée en Inde, un marché clé pour le Canada, avec le Moyen-Orient et l'Amérique latine. Pour la première fois, l'École des hautes études commerciales (HEC) de Montréal était du voyage, représentée par Ginette Sanfaçon.

Seul établissement francophone et seul membre québécois de la mission, l'école de gestion souhaite attirer des étudiants francophones pour son premier cycle universitaire. La maîtrise du français étant indispensable, HEC Montréal recrute du côté des écoles internationales où son apprentissage fait partie du cursus.

Un argument vanté auprès des clients potentiels - et de leurs parents - est que le Canada et l'Inde sont complémentaires. Le premier offre d'excellentes formations dans des secteurs de pointe qui connaissent une croissance importante dans le sous-continent.

«Beaucoup d'universités canadiennes sont très fortes dans des programmes de génie, de biomédecine, de commerce et d'aérospatiale, souligne l'agent de recrutement. En l'occurrence, il s'agit de domaines qui sont en plein essor ici.»

Outre la qualité de ses enseignements et de ses programmes de recherche, le Canada mise sur le rapport qualité-prix qu'il a à offrir. Selon les estimations du CIS, un étudiant étranger doit compter 23 000$ par année pour assurer ses frais de scolarité, ses livres et son logement. Ginette Sanfaçon fait valoir par ailleurs que le coût de la vie est moins élevé à Montréal, à Toronto ou à Vancouver, qu'à Londres ou aux États-Unis.

Deepak Seth est directeur d'Ivy League Education, un organisme basé à Delhi qui conseille les étudiants dans leurs projets d'études à l'étranger. Il se demande si le rapport qualité-prix qu'offrent les Canadiens est véritablement plus intéressant, d'autant plus que le dollar canadien, ces temps-ci, est fort par rapport au billet vert.

Il note que le premier cycle universitaire canadien est de quatre ans, alors qu'il n'est que de trois ans en Angleterre. Il fait aussi remarquer que l'Australie, une destination d'études comparable au Canada, est moins chère, et moins froide!

Le consultant reproche aux universités canadiennes de ne pas être suffisamment connues. «Lorsqu'ils dépensent plusieurs milliers de dollars, les étudiants indiens veulent que leur scolarité soit reconnue et valorisée par leur employeur éventuel. Ils veulent un nom qui paraîtra bien sur leur CV.»

Le nombre d'Indiens qui vont étudier à l'étranger - entre 100 000 et 150 000 chaque année d'après Deepak Seth - ne fait que croître. La situation en Inde est telle que la compétition pour entrer dans les bonnes écoles est féroce. L'offre fait cruellement défaut par rapport à une demande sans cesse grandissante. Avec une classe moyenne en expansion - comptant entre 150 et 300 millions de personnes selon les estimations -, les Indiens optant pour des études à l'étranger, et pouvant se les permettre, sont toujours plus nombreux.