Dans une de ses vieilles chansons, Plume Latraverse y va de sa définition de la pauvreté. «Les pauvres, ont pas d'argent, chante-t-il sur un air de blues. Les pauvres, sont malades tout l'temps. Les pauvres savent pas s'organiser. Sont toujours cassés».

La réalité, bien sûr, est plus complexe. Peu de gens le savent, mais la pauvreté, ça n'existe pas au Canada. Officiellement, du moins. Après avoir essayé de plusieurs façons de définir cet état, Statistique Canada y renoncé pour cause de complexité et de sensibilité politique.

Avec 25 000 $ par année, une famille de quatre personnes peut vivre assez bien à la campagne mais être très pauvre en ville où le logement, notamment, est beaucoup plus cher.

Cette même famille, avec le même revenu, peut aussi être plus ou moins pauvre selon la province qu'elle habite, parce que le coût de la vie n'est pas le même en Alberta qu'à Terre-Neuve. D'où la difficulté de définir la pauvreté d'une façon simple.

Ce qui tient lieu de définition, ce sont les Seuils de faible revenu (SFR) conçus par Statistique Canada. Ils établissent un revenu minimum nécessaire pour se loger, s'alimenter et s'habiller.

Si on gagne moins que ce revenu minimum, on peut être considéré comme  pauvre. Le revenu minimum varie selon le nombre de personnes et la taille de l'agglomération habitée.

Même s'ils sont largement utilisés, les Seuils de faible de revenu ont leurs limites et leurs détracteurs. Le calcul à la base de l'indice calculé par Statistique Canada, par exemple, date de 1992. Autre bogue : le coût du logement qui sert au calcul pour les grandes villes est une moyenne du coût à Vancouver, Toronto et Montréal, ce qui désavantage le Québec, où le coût du logement est plus bas.

Le Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion a suggéré d'adopter la Mesure du panier de consommation (MPC) qui, estime-t-il, définit la pauvreté avec plus de précision.

Contrairement aux Seuils de faible revenu, la Mesure du panier de consommation reconnaît par exemple que les familles qui vivent à la campagne ont besoin d'une voiture et que celles qui vivent en ville doivent consacrer une partie de leur revenu au transport en commun.

Ni les Seuils de faible revenu ni la Mesure du panier de consommation ne permettent la comparaison avec d'autres pays. C'est pourquoi la Mesure du faible revenu est aussi utilisée. La Mesure du faible revenu est une variante de la définition de Statistique Canada, mais c'est la méthode la plus répandue ailleurs dans le monde, ce qui permet les comparaisons internationales.

La définition de la pauvreté peut varier beaucoup, mais entre 1996 et 2006, le nombre de pauvres a diminué au Canada selon les trois méthodes de calcul les plus souvent utilisées.

Définition de la pauvreté

Au Canada , une personne est considérée comme pauvre si son revenu annuel après impôt ne dépasse pas:

Personne seule : 11 745 $ à la campagne ou 17 954 $ dans une ville comme Montréal.

Famille de quatre: 22 206 à la campagne ou 33 946 $ dans une ville comme Montréal.

Source: Seuils de faible revenu après impôt 2008, Statistique Canada.