Le budget des universités québécoises augmente. Celui de ceux qui les dirigent augmente encore plus vite.

En 2007-2008, les frais de direction et de gérance des universités québécoises représentaient 13,3% de leur budget total. Sept ans plus tôt, au tournant du millénaire, cette proportion était plutôt de 10,5%, selon des données fournies par la Crepuq, la Conférence des recteurs et présidents d'universités.

Cette différence de 1,8% en sept ans se traduit, en dollars sonnants et trébuchants, en une somme de 127 millions, compte tenu que le budget des universités a lui aussi augmenté. Il est passé de 1,43 milliard en 2000-2001 à 2,09 milliards en 2007-2008.

Le professeur Michel Umbriaco a co-publié une étude sur le sujet l'an dernier, pour le compte de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université, pour laquelle il préside le comité sur le financement des universités. Il n'hésite pas à parler de «dérive administrative».

«La masse salariale du personnel de direction et de gérance des universités a augmenté de 83,2% entre 1997 et 2004, tandis que celle des professeur-e-s a connu une augmentation de 34,6% sur la même période», peut-on lire dans l'étude qu'il co-signe.

Le problème, explique-t-il au téléphone, c'est que le nombre d'étudiants a augmenté plus rapidement, particulièrement aux 2e et 3e cycles, là où ils demandent plus d'encadrement de la part de leurs maîtres. «C'est seulement cette année qu'on retrouve le même nombre de profs qu'en 1994-1995», déplore-t-il.

Pendant ce temps, la part du budget consacré aux chargés de cours - qui coûtent moins cher que les professeurs et ne font pas de recherches universitaires - augmente. «Quand un étudiant fait un bac et qu'il rencontre 30 chargés de cours, je commence à me poser des questions sur ce qu'est une université», dit-il.

Autre effet de cette augmentation des budgets administratifs, selon lui: les professeurs ont moins de liberté, sont plus contrôlés. «Ça devient de plus en plus difficile d'avoir de l'initiative.»