Après deux années de trafic record, le port de Montréal se bute à l'écueil de la récession.

Le volume de marchandises conteneurisées a reculé de 18,4% pendant le premier semestre de l'année. En nombre de conteneurs EVP (équivalent 20 pieds), pleins ou vides, la baisse est de 14,6%, pour un total de près de 620 000 conteneurs.

Le trafic céréalier a augmenté de 31,1%, mais ce secteur ne représente qu'un dixième du trafic total du port.

Pendant ses premières semaines officielles à la tête du port de Montréal, la nouvelle présidente-directrice générale, Sylvie Vachon, n'a donc pas le plus grisant des programmes: elle doit limiter les dépenses pendant que passe la récession.

 

«On a dû mettre en place un contrôle budgétaire plus rigoureux, a expliqué Mme Vachon au cours de sa première entrevue depuis sa nomination, à la fin juillet. On a revu notre budget d'exploitation et reporté certains projets ou études à l'an prochain.»

Le projet de transformation du secteur Hochelaga-Viau, par exemple, ne sera pas mis en branle en 2009.

«Mais nos avantages concurrentiels et notre diversification nous permettent d'avoir une baisse moins forte que nos concurrents», soutient Mme Vachon, qui, à travers les chiffres peu réjouissants, évoque les défis de la prochaine décennie.

Le plan d'expansion du port est toujours sur les rails et l'objectif 2020 n'a pas changé.

Et tout en pilotant les projets de développement, Sylvie Vachon, 50 ans, voudrait que son passage à la tête du port laisse un héritage supplémentaire.

«On connaît Rotterdam comme ville portuaire ou Sherbrooke comme ville universitaire, dit la Sherbrookoise d'origine. Il faut faire en sorte que Montréal soit reconnue comme une ville portuaire, en premier lieu par les Montréalais.»

Une nouvelle direction

Sylvie Vachon, entrée au service des ressources humaines du port en 1990, parle de l'institution avec enthousiasme et passion.

«C'est ce qui arrive avec ceux qui ont mis 20 ans de leur vie dans quelque chose, constate le président du conseil d'administration du port, Michel Lessard. À un moment donné, les tripes sont là! Mme Vachon est rationnelle, mais elle a aussi le coeur dedans.»

«Le port de Montréal est une organisation vraiment unique, dit Mme Vachon. Il est au coeur de l'économie et de plusieurs industries. Il y a beaucoup d'interactions avec les ministères, les communautés, les milieux d'affaires. C'est un très grand terrain de jeu.»

Devenue vice-présidente (administration et ressources humaines) en 1997, c'est à elle que le conseil d'administration a confié l'intérim quand le PDG Patrice Pelletier a été limogé, en mars dernier,

«Sa candidature correspondait à nos attentes, dit Michel Lessard. Elle connaît le port et est très respectée dans le milieu.»

M. Lessard note aussi son style de gestion différent de son prédécesseur, plus axé sur la consultation, «ce qui ne veut pas dire que Mme Vachon n'a pas de détermination», précise-t-il.

M. Pelletier a été remercié seulement un an et demi après son arrivée en raison «de perspectives différentes de celles du conseil quant à la mise en oeuvre de la vision de l'entreprise», avait indiqué le Port.