Les marchés boursiers sont en hausse, mais la Caisse de dépôt et placement n'a pu faire mieux qu'un rendement nul au premier semestre de 2009. Principal responsable: l'immobilier. Hier, l'institution a annoncé que ses placements non liquides ont dû être dévalués de 5,7 milliards de dollars au cours de la période terminée le 30 juin. À lui seul, le secteur immobilier accapare 71% de cette dévaluation, soit 4 milliards.

Ce recul de l'immobilier est compensé par un gain de 5% dans les autres placements de la Caisse (Bourse, obligations etc.), ce qui ramène le rendement global aux environs de 0% pour les six premiers mois. Pour l'année 2008, la Caisse avait déclaré une perte de 25% ou 39,8 milliards.«Notre performance du premier semestre pour les autres placements correspond aux attentes que nous avions il y a quelques mois. Je dirais que nous en sommes satisfaits et en ligne avec l'industrie. Mais avec un rendement global neutre à cause de l'immobilier, personne ne pense ici que c'est ce que nous devrions viser», a expliqué le PDG, Michael Sabia, au cours d'une téléconférence avec les journalistes.

La déconfiture du secteur immobilier de la Caisse, en particulier pour les prêts hypothécaires à risque aux États-Unis, a incité l'institution à réorganiser ses structures, intégrant la division Cadim à la filiale SITQ immobilier. La réorganisation est stratégique et aucune mise à pied n'est prévue, dit M. Sabia.

Cadim est davantage présent dans les secteurs hôteliers et résidentiels, tandis que les filiales SITQ et Ivanhoé se concentrent sur les immeubles de bureau et les centres commerciaux.

Il y a trois semaines, La Presse Affaires avait donné un avant-goût de ces changements, révélant les départs du PDG de Cadim, Richard Dansereau, et du chef des investissements de SITQ, Daniel Fournier. La Presse avait également fait état des graves problèmes de la Caisse avec ses prêts hypothécaires mezzanines aux États-Unis.

Ce sont justement ces prêts mezzanines qui donnent des maux de tête à la Caisse. Il s'agit de prêts de deuxième ou troisième rang sur un immeuble. Dans les bonnes périodes, ces prêts rapportent davantage, mais ils sont plus risqués.

En cas de défaut de paiement, c'est le prêteur de premier rang qui est le mieux protégé, puisque les fruits de la revente de l'immeuble saisi lui seront d'abord versés. Les prêteurs de 2e et 3e rang récupéreront les restes. C'est ce qui est arrivé à la Caisse en avril avec un gratte-ciel à New York. L'institution y a perdu les 130 millions US qu'elle avait prêtés en 2006.

Hier, la Caisse a annoncé qu'elle abandonnait le secteur des prêts mezzanines et autres prêts subordonnés. Les baisses de valeur de ces prêts à la Caisse atteignent 2,2 milliards pour le premier semestre, ce qui en ramène la valeur à quelque 800 millions, a indiqué la Caisse.

C'est la première fois que l'institution dévoile ses résultats semestriels, quoique non détaillés. La Caisse dit répondre ainsi aux demandes de transparence du public et des médias.

Michel Nadeau, directeur général de l'Institut pour la gouvernance, salue cette initiative. Il constate toutefois que le rendement semestriel de la Caisse est inférieur à la médiane des caisses de retraite, qui oscille entre 6 et 7%. «La Caisse commence l'année avec un retard de 6,5% sur les autres caisses de retraite», constate M. Nadeau.

La Caisse a par ailleurs confirmé la nomination de René Tremblay au poste de président du groupe Immobilier de la Caisse. M. Tremblay portait ce titre par intérim depuis que Fernand Perreault était devenu PDG par intérim avec la démission de Richard Guay. Hier, Michael Sabia a indiqué que M. Perreault gardait le titre de conseiller spécial du PDG.

«Le modèle de banques d'affaires de Cadim est remis en question en fonction des réalités du marché. On veut revenir au métier de base de l'immobilier», a déclaré hier René Tremblay.

Le nouveau chef de l'immobilier a confiance dans le portefeuille d'immeubles détenus par la Caisse, de grande qualité. Ces immeubles rapportent de meilleurs revenus qu'en 2008, mais ils sont dévalués en raison des transactions actuelles à prix moindres. Le marché immobilier demeurera difficile jusqu'au début de 2011, dit-il, mais reprendra à long terme.

Quant au reste, Michael Sabia affirme que la Caisse est à augmenter de façon assez importante la part du portefeuille investi sur les marchés boursiers.

BAISSES DE VALEUR NON MATÉRIALISÉES DES PLACEMENTS MOINS LIQUIDES

(Au 30 juin 2009)

en milliards ($) /%

Placements en dettes immobilières -2,2 /39%

Placements en immeubles -1,8/ 32%

Total Immobilier -4,0 /71%

Placements privés, infrastructures et participations -1,3 /23%

PCAA -0,4 /7%

Total -5,7 /100%

Source : Caisse de dépôt