Earl Jones esquisse un léger sourire. Les deux enquêteurs qui l'escortent, eux, rient de bon coeur. Cette image vous dit quelque chose? Probablement. La photo de l'arrestation d'Earl Jones a fait le tour des médias canadiens, cette semaine, suscitant bien des interrogations.

Pour en avoir le coeur net, La Presse a questionné hier l'avocat de M. Jones, Jeffrey Boro, à sa sortie du palais de justice de Montréal. Me Boro se trouve à gauche sur la photo, vêtu d'un veston gris.

L'avocat criminaliste n'a pas hésité longtemps avant de fournir une explication. «J'ai dû dire quelque chose de comique», a-t-il laissé tomber, sans préciser la blague qu'il a bien pu raconter pour faire rire de bon coeur deux enquêteurs de la Sûreté du Québec. Les gens qui connaissent Me Boro le confirmeront: l'homme a un sens de l'humour très aiguisé.

Mais hier, l'avocat n'avait pas le coeur gai. «Je m'étais entendu pour qu'aucun journaliste ou photographe n'assiste à l'arrestation, a-t-il poursuivi. Je trouve que c'est une intrusion dans ma vie privée.»

Jeffrey Boro et Earl Jones ne savaient pas qu'ils étaient photographiés, a confirmé Sidhartha Banerjee, le journaliste de La Presse Canadienne qui était sur place lors de l'arrestation, survenue lundi en début d'après-midi devant le bureau de Me Boro, dans le Vieux-Montréal.

«Le photographe et moi nous trouvions de l'autre côté de la rue, a précisé M. Banerjee. Dès qu'Earl Jones nous a aperçus, il a baissé les yeux jusqu'à ce qu'il entre dans la voiture de police.»

La fameuse photo a suscité bien des réactions, d'abord chez les présumées victimes d'Earl Jones. En lisant le journal, hier matin, Charles Washer n'a pas apprécié l'allure détendue de l'homme qui lui aurait fait perdre 125 000$.

«Disons que c'est plutôt déplaisant de le voir sourire comme ça», a dit M. Washer, rencontré en après-midi au palais de justice de Montréal.