Un apparent désaccord au sein de la direction de l'agence de publicité et de communication Cossette (TSX:KOS) a poussé deux anciens dirigeants à présenter une «proposition d'acquisition» de l'entreprise québécoise qui leur coûterait quelque 67,3 millions $.

François Duffar, ancien président de Cossette, et Georges Morin, vice-président au développement des affaires du groupe jusqu'à samedi dernier, ont profité du faible cours de l'action depuis quelques mois pour concrétiser leurs ambitions.

Un groupe d'investisseurs dirigé par M. Duffar a annoncé lundi son intention d'acquérir toutes les actions de Cossette au coût de 4,95 $ chacune, ce qui donne une valeur de 82,7 millions $ à l'entreprise. Il s'agit d'une prime de 52,3 pour cent par rapport au cours de clôture de vendredi et de 45,7 pour cent par rapport au prix de clôture moyen des 30 dernières séances à la Bourse de Toronto.

Font partie du groupe Cosmos Capital, une société contrôlée par François Duffar, M. Morin, Jean Monty, président de la firme d'investissement Libermont et ancien pdg de BCE (TSX:BCE), le Français Daniel Bernard, président de Provestis et président du conseil du groupe de quincaillerie européen Kingfisher, de même qu'un «fonds international de capital-investissement privé qui gère plusieurs milliards de dollars», probablement américain.

«Le caractère international de notre groupe d'actionnaires, composé d'investisseurs nord-américains et européen, nous permettra de renforcer la position et la présence de Cossette sur les marchés internationaux», a déclaré M. Duffar dans un communiqué.

Ce dernier, l'un des fondateurs de Cossette, a quitté le conseil d'administration en mai, sans plus d'explications. Il a fait immatriculer la firme Cosmos Capital, qui pilote le projet d'acquisition, le 13 juillet.

Les membres du Groupe Cosmos et leurs sociétés apparentées détiennent actuellement 2,9 millions d'actions de Cossette, soit 18,7 pour cent du total. Ils ont conclu une convention avec le principal actionnaire de l'entreprise, Burgundy Asset Management, dans laquelle celui-ci s'engage à vendre toutes ses actions (qui représentent 11,1 pour cent du total) à Cosmos au prix minimal de 4,95 $ chacune.

Cossette devait tenir une réunion du conseil d'administration en fin d'après-midi, lundi, afin de considérer la proposition. Un comité indépendant sera probablement mis en place pour évaluer la proposition du Groupe Cosmos.

«Tristement, les actionnaires qui ont longtemps souffert dans cette histoire de sous-performance ont dû attendre dix ans pour qu'une fermeture de capital puisse potentiellement se concrétiser», a écrit l'analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, dans une note.

Selon lui, les administrateurs de Cossette devront considérer sérieusement la proposition, qui valorise l'entreprise à cinq fois le bénéfice d'exploitation prévu pour l'exercice 2010.

Depuis son entrée en Bourse, en 1999, Cossette a multiplié les acquisitions, d'abord à Vancouver et à Halifax, puis à New York (2001), à Londres (2003, 2004, 2005 et 2007) et en Californie (2004 et 2008).

L'action de Cossette a clôturé lundi à 5,15 $, en hausse de 58,5 pour cent, à la Bourse de Toronto, ce qui laisse croire que les investisseurs s'attendent à une surenchère.

Depuis la fin de 2007, alors que l'action valait plus de 10 $, le titre est en chute libre. Ces derniers mois, Cossette a dû faire face à la perte d'une grande partie du contrat de publicité de Bell Canada et à la précarité financière d'un autre important client, General Motors.