Question piège: combien doivent verser les frères Molson et leurs partenaires pour mettre la main sur le Canadien et le Centre Bell dans cette transaction évaluée à 633 millions? Réponse: 283 millions.

En apparence, il y a une contradiction entre la valeur de la transaction et cette réponse, mais dans les faits, il n'en est rien. C'est que le prix payé par le clan Molson englobe la dette de l'organisation du Canadien, évaluée à environ 350 millions de dollars, selon nos sources.

Autrement dit, en achetant le Canadien, le clan Molson accepte de prendre à sa charge la dette du Canadien et du Groupe spectacles Gillett, de même que l'hypothèque du Centre Bell. Pour combler les attentes George Gillett et battre les autres offrants pour les Glorieux, les Molson et leurs partenaires ont donc mis environ 283 millions sur la table, nous explique-t-on.

Vu sous cet angle, l'acquisition du club de hockey apparaît moins hors de portée pour la famille Molson. D'autant plus que les Molson se sont adjoint de solides partenaires en Bell Canada et la riche famille Thompson, co-partenaires de CTVglobemedia, qui possède le Réseau des sports (RDS), diffuseur des matchs du Canadien.

Dans le milieu des affaires, cette façon de présenter une transaction n'est pas exceptionnelle. Lorsque la caisse de retraite ontarienne Teachers a gagné la mise pour Bell en 2008, tous parlaient d'une transaction de 51,7 milliards de dollars. Or, ce montant comprenait la prise en charge de la dette de 16,9 milliards de l'entreprise de téléphonie. La transaction a finalement avorté, comme chacun sait.

Cela dit, d'où vient cette énorme dette de 350 millions de dollars contractée par George Gillett? Essentiellement, elle vient de trois sources. D'abord, le Centre Bell serait hypothéqué à hauteur de 200 millions et le club de hockey lui-même, à 50 millions, a écrit La Presse au début mai sur la foi de deux informateurs fiables.

D'ailleurs, en 2006, l'hebdomadaire américain SportsBusiness Journal affirmait qu'un consortium bancaire dirigé par CIT Financial avait accepté d'octroyer 240 millions US à Gillett pour refinancer le club, la division Sports et spectacles et le Centre Bell. Ces 240 millions US équivalaient à environ 275 millions CAN à l'époque, mais George Gillett s'était alors versé un dividende important, selon l'hebdomadaire.

La dernière portion de la dette origine d'une entente avec le financier américain JP Morgan Chase concernant les versements que Bell fait pour voir son nom accolé à l'amphithéâtre. Depuis 2003, les versements annuels de Bell, d'environ 5 millions, vont dans les coffres de la banque américaine plutôt que dans ceux du Canadien. Cette entente de 20 ans et 100 millions coure jusqu'en 2023.

En contrepartie, JP Morgan a accepté de verser entre 50 et 70 millions au Canadien dès 2003. Ce montant correspond à une dette, puisqu'en cas de défaut de paiement de Bell, c'est le Canadien qui sera tenu de rembourser les millions empruntés à JP Morgan.

Bref, les frères Molson et leurs partenaires verseront environ 283 millions, nous explique-t-on, en plus d'assumer les dettes de quelque 350 millions. Un informateur soutient que ce montant peut varier en fonction des résultats du litige avec la Ville de Montréal concernant le compte d'impôts fonciers.

Il semble que ces 283 millions serviront à rembourser la Royal Bank of Scotland concernant l'emprunt pour le club de soccer Liverpool FC, au Royaume-Uni. En janvier, le tandem George Gillett et Tom Hicks devait 313 millions de livres sterling à la Royal Bank, ce qui équivalait à environ 560 millions CAN. La part de Gillett serait de 280 millions CAN.