À 38 ANS ANS, IL A CONSTRUIT UNE ENTREPRISE POUR L'INDUSTRIE DE L'ÉLECTRONIQUE QUI EMPLOIE 240 PERSONNES. QUE CE SOIT VOTRE BLACKBERRY OU LA RADIO DE VOTRE AUTO, IL Y A DE FORTES CHANCES QUE DES APPAREILS CONÇUS PAR AVERNA LES AIENT TESTÉS.

Pascal Pilon se rappelle encore de son premier voyage d'affaires quand il a obtenu son diplôme d'ingénieur de Polytechnique en 1994 : Saint-Pamphile, dans Chaudière-Appalaches, connu pour son «Festival du bûcheux». «Je souhaitais quelque chose de plus glamour», dit-il aujourd'hui.

Six mois après son embauche par Autolog, qui offre ses services aux scieries, l'ingénieur informatique s'en va donc chez ATS Aérospatiale. Ses destinations d'affaires changent, ses clients ont désormais leurs bureaux à Singapour et aux Pays-Bas. Plus «glamour» que Saint-Pamphile...

S'ensuivent une série d'allers-retours entre ATS et d'autres employeurs, comme Informission et sa filiale CGL. Ces différents défis le mènent, à l'automne 1999, à créer Averna avec deux acolytes, Adil Lahlou et Richard Maltais, toujours présents dans l'entreprise. Ils mettent chacun grosso modo 10 000 $ de leurs REÉR, contractent une marge de crédit et acceptent une réduction de salaire.

Dix ans plus tard, Averna vaut entre 80 et 100 millions, selon son président et chef de la direction. L'entreprise emploie 240 personnes, dont 170 au Québec, et son chiffre d'affaires atteint 45 millions.

L'histoire d'Averna est celle d'une croissance impressionnante, récompensée par une multitude de prix que rappellent les plaques et trophées en face de la réceptionniste : PDG Techno de l'année, une place au palmarès des 40 Canadiens les plus performants de moins de 40 ans... la liste est longue.

Dans un récent texte vantant les exploits de M. Pilon, on peut lire que la croissance a atteint 555 % en 5 ans. Quand l'auteur de ces lignes souligne que la concordance des 5 est trop jolie pour être vraie, le PDG débite de mémoire son chiffre d'affaires des dernières années. Il atteindra 45 millions à la fin de cette année financière, contre 4,2 millions il y a cinq ans. «1000 % !» dit l'homme de 38 ans.

Mais cette croissance n'a pas été rectiligne. En 2002, après avoir traversé l'éclatement de la bulle techno et en attente d'un contrat d'Hydro-Québec qui ne viendra jamais, Averna doit licencier la moitié de ses 36 employés. L'ambiance a déjà été meilleure.

Depuis, l'entreprise a choisi de se concentrer sur les systèmes de tests des produits électroniques, ceux qui, contrairement à la robotique, nécessitent continuellement l'élaboration de nouveaux tests. «D'une année à l'autre, 80 % de notre chiffre d'affaires vient de clients qu'on a déjà eus», explique-t-il.

Pascal Pilon dégage l'assurance de l'ambitieux. Mais ça ne l'empêche pas de savoir s'entourer, de chercher des avis contraires. Ainsi, même si Averna n'est pas cotée en Bourse, l'entreprise a un conseil d'administration formé de gens «qui ne tombent pas en amour avec ton produit». Il sont là pour lui offrir «une perspective différente».

Il y a deux mois, Averna a acheté l'entreprise américaine DAQTron, spécialisée dans les tests de récepteurs télés, comme Illico. L'automne dernier, c'était une partie de Solutions Mindready qui passait dans le giron d'Averna. Dans ce dernier cas, Pascal Pilon savait dans quoi il s'embarquait : Mindready faisait partie du giron d'Informission. Des acquisitions qui s'ajoutent à trois autres réalisées depuis dix ans.

La prochaine étape ? «C'est certainement de continuer de faire des acquisitions.» Grâce en partie à un placement privé de la Caisse de dépôt et placement du Québec, dont le montant demeure secret, Pascal Pilon veut faire deux achats par année. «On a un bon coffre de guerre. On peut se permettre d'acheter trois autres DAQTron.»

Et pour une inscription en Bourse, il ne dit pas non, au contraire. Mais il faudra attendre que les marchés soient meilleurs pour les entreprises technologiques canadiennes.