À 34 ANS, IL A LANCÉ UNE ENTREPRISE QUI CONSTRUIT ET GÈRE UN RÉSEAU DE CÂBLODISTRIBUTION DANS L'ÎLE DE LA RÉUNION, S'ATTAQUANT AU MONOPOLE DE FRANCE TÉLÉCOM.

Il y a pire endroit où se lancer en affaires : l'île de la Réunion, au large de Madagascar et de l'Afrique. C'est dans ce département d'outre-mer français que Pascal Laflamme a posé ses valises il y a un peu plus de deux ans.

Objectif : construire de zéro et exploiter un réseau de télécommunications fixe et faire concurrence à France Télécom dans les services de câble large bande pour la télé, l'internet et le téléphone.

L'homme de 34 ans partait quand même avec un certain bagage. Au début des années 80, il aidait déjà son père, propriétaire de Câble Télé +. «J'avais neuf ans, on passait des prospectus, on classait les factures par codes postaux.»

Son oncle, Guy Laflamme, a aussi été à la tête de Câble Satisfaction, qui s'intéressait à de petits marchés, comme La Guadeloupe notamment. Le dirigeant déchu poursuit aujourd'hui la Caisse de dépôt et placement pour ses déconvenues.

L'histoire de son oncle est importante. En 2003, Pascal Laflamme commence en effet à dépoussiérer l'ancien projet familial de lancer une entreprise de câble à La Réunion.

Mais c'est en 2006 que le déclic final se produit. «J'étais un peu malheureux chez Secor. La vie de consultant, c'est une vie qui n'est pas évidente... Moi, je suis vraiment entrepreneur.»

Lancer un tel réseau est une affaire de 160 millions de dollars canadiens. Il part donc à la recherche d'investisseurs, dont une filiale du Fonds de Solidarité FTQ. Son premier appel public à l'épargne lui permet d'amasser 22 millions. Il vient d'en finaliser un deuxième.

Le titre d'Intercâble, la société mère, se transige à la Bourse de croissance TSX depuis le printemps 2007. Sa famille détient moins de 10 % des actions de la société.

Quand on lui demande à quoi ressemble une journée de travail typique à La Réunion, il explique que «c'est comme avoir deux jobs». D'abord, il gère la construction du réseau. Ensuite, quand vient le milieu de l'après-midi, il retombe sur le fuseau horaire québécois et s'occupe des relations avec les investisseurs. Un téléphone avec l'indicatif 514 sonne directement dans son bureau.

La Réunion, avec ses quelque 700 000 résidants, est un petit territoire. Jusqu'à présent, Zeop a déployé ses câbles sur 10 % de celui-ci. Et à peine 5 % du réseau est activé. Zeop est en retard sur son échéancier.

Ce qui ne l'a pas aidé, c'est une action en justice de France Télécom, qui accuse le nouveau joueur d'avoir fait passer ses câbles dans ses installations. La cause est pendante. «Ça a vraiment été difficile. Les bases sont discutables. C'est vraiment David contre Goliath.»

Quand on lui mentionne que son oncle joue aussi les David contre la Caisse de dépôt, il se fait philosophe. «Je pense que, dans la vie, on a plus de plaisir à être David que Goliath.»