Même si les femmes gagnent rapidement du terrain dans le monde des affaires, les entreprises à propriété féminine représentent moins de 5% des fournisseurs canadiens qui font affaire avec les grandes entreprises ou les gouvernements, estime une nouvelle organisation de soutien aux femmes d'affaires, WEConnect Canada.

Il y a pourtant 821 000 entrepreneures au Canada, selon WEConnect. Entre 1981 et 2001, leur nombre a augmenté 208%, comparativement à une progression de 38% chez les hommes.

Et WEConnect soutient que 47% des PME du pays ont au moins une femme parmi les propriétaires (mais l'organisme n'est pas en mesure d'indiquer combien sont détenues majoritairement par une ou des propriétaires féminines).

Les causes d'une telle situation restent floues. «La tradition, les tendances, l'histoire», évoque Laraine Kaminsky, stratège principale de WEConnect.

«Les femmes ne sont pas allées demander, dit pour sa part la présidente du Réseau des femmes d'affaires du Québec, Nicole Beaudoin. L'entrepreneuriat féminin est assez jeune (environ 20 à 25 ans). Mais il est grand temps que les femmes sachent qu'elles peuvent y aller.»

C'est pour tenter de bouleverser le portrait statistique que WEConnect Canada a été mis sur pied au mois de mars.

Environ 80 femmes d'affaires se sont d'ailleurs réunies hier pour le lancement québécois de l'organisme, dont l'objectif est de permettre aux entreprises dirigées par des femmes d'entrer en contact avec les grandes organisations privées ou gouvernementales afin d'en devenir les fournisseurs.

D'un côté, des PME canadiennes peuvent adhérer à WEConnect. Elles doivent prouver que l'entreprise est possédée, contrôlée et administrée majoritairement par des femmes.

De l'autre côté, des «membres corporatifs» se joignent à l'organisme pour avoir accès à une base de données d'entreprises à propriété féminine.

Selon WEConnect, de plus en plus de multinationales ont une politique de diversification de leur chaîne d'approvisionnement, que ce soit pour des raisons de compétitivité ou de responsabilité sociale.

«Nous voulons amener les femmes à leur table», résume Laraine Kaminsky.

Parmi les premières entreprises membres de WEConnect Canada, on retrouve par exemple Wal-Mart, Pfizer, le groupe-conseil en ressources humaines Manpower, de même que le Groupe financier BMO, seul membre proprement canadien.

Une carte de plus dans le jeu

Jusqu'à maintenant, 19 PME sont devenues membres de WEConnect Canada, et 13 dossiers sont à l'étude. Hier, deux premières entreprises québécoises ont obtenu leur certification.

«Cela me permettra de développer de nouveaux réseaux de distribution», dit Nicole Sénécal, présidente-directrice générale de SoSen, qui offre une gamme de produits «cosméceutiques», à mi-chemin entre produits de beauté et produits de santé.

Selon Mme Sénécal, qui veut poursuivre son expansion dans le marché de l'Ouest canadien et qui songe à investir celui de l'Europe, WEConnect pourra servir d'intermédiaire avec des distributeurs étrangers susceptibles d'être intéressés par son produit.

«C'est un réseau de plus, une carte de plus dans mon jeu, dit-elle. Il y a des ouvertures extraordinaires pour les entrepreneures.» D'autant plus que des femmes à l'intérieur des grandes entreprises voudront encourager les fournisseurs dirigés par des femmes, estime-t-elle.

«Ça fait longtemps qu'on rame et qu'on essaie d'amener les femmes plus loin, dit Nicole Beaudoin, dont le Réseau des femmes d'affaires appuie la mise en place du nouvel organisme. Et WEConnect va marcher.»

«C'est une façon de faire éprouvée», assure Laraine Kaminsky.WEConnect Canada fait partie d'un réseau déjà en place aux États-Unis et au Royaume-Uni, notamment. Il est principalement financé par le ministère de la Condition féminine du Canada, qui a octroyé une subvention de 611 000$ sur trois ans.