Le ministre québécois des Ressources naturelles, Claude Béchard, a rappelé jeudi matin qu'il a demandé à la Régie de l'énergie de lui présenter avant l'automne des solutions qui permettraient aux Québécois d'obtenir plus d'informations sur les fluctuations des prix de l'essence.

Il avait fait une annonce en ce sens il y a un peu plus de deux mois.

M. Béchard a précisé jeudi qu'il ne s'agirait pas de moyens qui permettraient au gouvernement de contrôler les prix puisqu'il n'en a pas le pouvoir. Cependant, il voudrait pouvoir offrir aux Québécois des outils pour contrecarrer, en quelque sorte, les stratégies de l'industrie pétrolière.

Le prix du litre d'ordinaire a de nouveau bondi, mercredi soir, dans la région de Montréal. Il atteint désormais 1,15$ et même plus de 1,16$ en certains endroits, en hausse soudaine de 6 à 7 cents.

Il s'agit du prix le plus élevé depuis la flambée de l'an passé.

L'été dernier, le prix du litre d'essence ordinaire a frisé le 1,50$ à Montréal, mais le prix du baril de pétrole brut était alors supérieur à 140$ US. Or, le prix de 1,15$ le litre été inscrit tandis que le baril de pétrole valait à peine plus de 70$ US.

La porte-parole du CAA-Québec, Roxanne Héroux, souligne qu'il fallait s'attendre à une hausse, puisque c'est ce vers quoi pointaient les indicateurs pétroliers, mais elle ajoute qu'un prix réaliste serait plutôt de près de 1,11$. C'est justement le prix observé à Québec.

Le litre d'ordinaire à 1,16$ permet un marge au détail de 9 à 10 cents en excluant les taxes, un profit que Mme Héroux qualifie d'«énorme». Elle croit qu'un bénéfice de 4 ou 5 cents suffirait amplement.

Le CAA-Québec a par ailleurs observé entre le 30 mars et le 12 juin - en l'espace de 11 semaines - pas moins de sept hausses du prix à la pompe le vendredi, dont cinq qui n'étaient aucunement justifiées par les indicateurs pétroliers. Mme Héroux souligne qu'en temps normal, contrairement à la croyance populaire, les augmentations ne surviennent pas particulièrement souvent à l'aube des fins de semaine.

En attendant que le gouvernement Charest mette de l'avant ses propres outils, Roxanne Héroux invite les automobilistes à consulter Info Essence sur le site Web de son organisme (caaquebec.com/infoessence), qui précise quel prix serait justifié dans chacune des régions. Elle leur recommande de n'acheter que le strict minimum quand le prix à la pompe est plus important que celui indiqué par Info Essence.

Le 4 avril dernier, Claude Béchard avait indiqué que son Ministère avait approché les pétrolières et qu'il songeait à d'autres initiatives, avec l'aide de la Régie de l'énergie et du CAA-Québec, afin de faire en sorte qu'elles justifient leurs hausses de manière et les rendent plus faciles à prévoir. L'idée d'un site Internet spécifique opéré par la Régie faisait partie des pistes étudiées.

En novembre 2007, l'Action démocratique (ADQ) et le Parti québécois (PQ) avaient rejeté un projet de loi du ministre Béchard sur la transparence des prix de l'essence, se disant convaincus que les pétrolières refileraient aux consommateurs la note de cette charge administrative supplémentaire.

M. Béchard souhaitait alors obliger les pétrolières à justifier toute hausse par écrit à la Régie de l'énergie. Pour leur part, les détaillants auraient dû afficher dans un endroit bien en vue le prix de vente minimum estimé par la Régie.