Les relations tendues entre Pierre Karl Péladeau et les syndicats ne doivent pas empêcher le Fonds de solidarité de s'associer à Quebecor pour tenter d'acheter le Canadien, croit Michel Arsenault, président de la FTQ.

«On n'attire pas les mouches avec du vinaigre, a-t-il dit. Ça va être plus facile pour la FTQ de s'asseoir et de négocier avec Pierre Karl Péladeau si nous sommes des associés que si on le traite constamment d'ennemi sur la place publique.»Certes, «les 14 mois de lock-out au Journal de Québec ont fait mal aux membres de la FTQ (...) et le bilan de Pierre Karl Péladeau en matière de relations de travail depuis quelques années n'est pas le meilleur. Mais depuis un an, les relations avec la FTQ se sont sensiblement améliorées».

«Quand je suis arrivé à la présidence de la FTQ, j'ai rencontré M. Péladeau, on a passé plusieurs heures ensemble et en moins d'une semaine, on a conclu un règlement (au Journal de Québec)», a fait valoir M. Arsenault.

Selon lui, l'achat du Canadien est une excellente occasion d'affaires, d'autant que les participants du Fonds sont majoritairement des francophones très attachés au Canadien.

De son côté, Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, juge qu'il reviendra aux cotisants du Fonds de solidarité de la FTQ de juger de la pertinence d'une association d'affaires avec Quebecor.

Au-delà de cette question, Mme Carbonneau s'inquiète de la possibilité que le Canadien passe aux mains de Quebecor.

Comme citoyenne, a dit Mme Carbonneau, il est inquiétant de voir un groupe «étendre ses tentacules dans les domaines de l'information, du spectacle et du sport».

C'est d'autant plus inquiétant quand il s'agit d'un groupe pour lequel «le lock-out est le seul mode de résolution des problèmes».

Bien sûr, admet-elle, «il y a des choses qui relèvent de la liberté des affaires, mais quand tu touches au domaine de l'information - un droit, en démocratie -, c'est plus inquiétant. Ce n'est pas l'éthique qui étouffe Pierre Karl Péladeau et je me demande à quel genre de pression seraient exposés les journalistes de Quebecor si l'entreprise achetait le Canadien.»

Interrogé sur l'achat du Canadien, le premier ministre Jean Charest a éludé la question. Quand un reporter lui a demandé si le Fonds de solidarité de la FTQ ne cautionnait pas de son appui le groupe Quebecor, où les relations de travail sont difficiles, M. Charest a dit: «C'est au Fonds de solidarité de défendre cette décision-là auprès de ses membres.»

Avec Denis Lessard