Fondée il y a à peine six ans, la PME montréalaise Revision Eyewear est devenue le plus important fabricant de lunettes de protection militaires au monde. Dans la foulée des conflits en Irak et en Afghanistan, l'entreprise de 150 employés a connu une croissance qui dépasse les 1500%. Et ce n'est pas fini. Revision Eyewear veut faire exploser sa production et vise des ventes de 100 millions d'ici trois ans.

Et dire qu'à l'origine, le Montréalais Jonathan Blanshay, président et fondateur de la PME, s'est lancé dans la fabrication de lunettes de protection pour les motocyclistes et les amateurs des jeux de type paintball!

 

Après un an, les ventes de la nouvelle PME totalisaient 600 000$. Mais, lors d'une foire commerciale, Jonathan Blanshay et son associé de l'époque ont suscité l'intérêt des Forces armées canadiennes. Un événement qui allait à jamais changer la vie de M. Blanshay, qui a décidé de se diriger dans le secteur militaire sans son associé. En 2009, les ventes de Revision Eyewear dépasseront les 40 millions.

«C'est vraiment un hasard. L'armée canadienne n'arrivait pas à trouver une entreprise d'ici capable de fabriquer pour ses soldats des lunettes qui respectaient ses normes de fabrication. Nous avons soumissionné et nous avons été choisis», relate Jonathan Blanshay, un colosse de 41 ans.

L'homme d'affaires montréalais a réellement découvert son Eldorado en 2006, lorsque la PME québécoise a été choisie comme fournisseur par le ministère américain de la Défense. Comme il est obligatoire d'être en sol américain pour vendre aux militaires de l'Oncle Sam, Revision Eyewear a fait construire une usine à Essex Junction, au Vermont.

C'est là que près de 125 employés fabriquent et testent les six produits vedettes de l'entreprise, cinq variétés de lunettes et une visière. Ces produits, qui dépassent de loin les exigences en matière de résistance balistique, contre la formation de condensation, les éraflures, etc., se vendent au détail entre 70$ et 150$. Les lunettes de la PME portent toutes des noms d'insectes évocateurs: Hellfly, Sawfly et autres Bullet Ant. «Nous nous sommes inspirés des insectes parce qu'ils ont une excellente vision et que leur corps est robuste», dit Jonathan Blanshay, diplômé en finance.

Le siège social, le centre de recherche et de développement et une partie des activités de marketing sont situés à Montréal, sur le boulevard Saint-Laurent, où la PME emploie environ 25 personnes.

Le secteur militaire représente quelque 85% des activités de Revision Eyewear. Le reste est consacré aux services policiers et aux unités spéciales (SWAT). Une partie des produits de la PME (vendue sur son site web) sont destinés aux amateurs de chasse, de VTT, etc. L'entreprise dit occuper 30% du marché mondial de la lunette de protection militaire. Elle devance même le géant Oakley.

Contrôle

À court terme, la PME québécoise vise 45% du marché. Pour se maintenir en position de tête, Revision Eyewear vient d'investir cinq millions de dollars dans ses installations au Vermont. Elle a mis en place, dans une salle blanche, une unité de fabrication de lentilles. Le nec plus ultra en la matière, indique le Vermontois Eric Hounchell, vice-président à l'exploitation. «Nous allons continuer à avoir des sous-traitants, mais nous voulons de plus en plus avoir un contrôle absolu sur nos produits», dit-il.

Dans ses installations montréalaises, la PME travaille actuellement à deux importants projets de R&D. Le premier consiste à projeter des images (cartes topographiques, textes, etc.) sur une visière ou sur la lentille d'une paire de lunettes. Le second: créer une lentille dont on pourra varier l'intensité, voire la couleur en appuyant sur un simple bouton. On nage en pleine science-fiction, reconnaît Jonthan Blanshay. «Mais on est très près d'obtenir des résultats», précise-t-il.

L'entreprise québécoise ne vend pas qu'aux militaires canadiens et américains. Elle est présente dans plus d'une cinquantaine de pays, dont la Suisse, un état reconnu pour la fiabilité de ses équipements militaires.

Est-ce à dire que les produits de Revision Eyewear deviendront les «couteaux suisses» en matière de protection oculaire?