La construction d'une usine de 35 000 pieds carrés à Blainville, qui représente un investissement de 5 millions de dollars, est mise en péril par la clause Buy American. Et la clause protectionniste risque même d'étouffer l'entreprise derrière ce projet.

APG-Neuros fabrique des surpresseurs utilisés dans les systèmes de traitement d'eaux usées des municipalités.

«C'est une nouvelle technologie qui a pris trois ans de développement, explique le président, Omar Hammoud, à La Presse Affaires. Nous avons déjà donné des unités à des villes américaines, question de construire la confiance avec les clients. Et le marché a très bien répondu. Les clients aiment notre produit.»

La croissance de l'entreprise est fulgurante: elle a enregistré des ventes de 60 000$ en 2006, et prévoit faire passer le chiffre d'affaires à 10 millions pour l'année financière qui se termine à la fin de juillet.

Aujourd'hui, il faut une nouvelle usine. Les plans sont prêts. Omar Hammoud a déjà commencé les embauches. De 10 employés actuellement, l'entreprise devrait en compter 65 au printemps prochain. M. Hammoud a visité des fournisseurs et sous-traitants à Sherbrooke et Saint-Jean-sur-Richelieu, entre autres.

Mais il a dû mettre tout le projet au point mort, alors qu'APG-Neuros subit les contrecoups de la clause Buy American. Les municipalités et les États américains doivent n'utiliser que des produits fabriqués aux États-Unis dans leurs projets financés à partir du plan de relance économique du président Obama.

«Les États-Unis représentent 90% de nos ventes, et 90% de nos projets américains risquent d'être annulés, dit M. Hammoud. Pour nous, c'est une question de survie.»

Pour l'instant, il est presque impossible d'échapper à la large portée du Buy American.

«Nous avons une unité qui a été installée pour un essai à Burlington, au Vermont, dit M. Hammoud. Mais la ville ne peut pas l'acheter, même si c'est déjà installé. Elle doit trouver un remplacement.»

D'autres unités d'APG-Neuros sont coincées au port de Los Angeles, parce que les clients ne peuvent pas en prendre possession.

Même si le marché canadien est insuffisant pour APG-Neuros, M. Hammoud demande au gouvernement fédéral un plan de relance assaisonné d'une clause Buy Canadian. Parallèlement, il souhaite un plan de sauvetage des exportateurs canadiens, au moins le temps de développer d'autres marchés ou que la question se règle.

Il demande aussi que les municipalités de sa région imitent d'autres municipalités canadiennes qui, en guise de représailles, n'entendent plus acheter de produits américains.

Le directeur général de la Société de développement économique de la MRC Thérèse-de-Blainville, Charles Le Borgne, appuie l'idée, mais suggère plutôt une action plus globale.

À son congrès en fin de semaine, la Fédération canadienne des municipalités discutera d'une résolution qui aurait pour effet d'exclure les produits américains des projets municipaux.