Vu la récession mondiale, le Cirque du Soleil doit déployer «beaucoup plus d'efforts» pour vendre ses billets, mais le taux d'occupation de ses spectacles demeure nettement plus élevé que ceux de la concurrence.

«Il y a certaines baisses dans (le nombre de spectateurs)», a convenu Robert Blain, chef de la direction financière de l'entreprise montréalaise, au cours d'un entretien téléphonique, la semaine dernière.

«C'est un défi plus grand pour le marketing: ça demande beaucoup plus d'efforts et de proaction pour vendre les mêmes billets qu'on vendait avant, a-t-il ajouté. Mais on a des résultats qui sont mirobolants comparativement à la compétition.»

La crise économique frappe particulièrement le marché de Las Vegas, où le nombre de visiteurs a chuté de 15 pour cent au cours des derniers mois. Le Cirque, qui présente six spectacles permanents dans la capitale du jeu, a ressenti les effets.

Le taux d'occupation des productions du Cirque à Vegas a baissé à environ 80 pour cent, alors qu'il dépassait les 90 pour cent auparavant. Le spectacle du magicien Criss Angel, écorché par la critique lors de son lancement, l'automne dernier, continue d'éprouver des difficultés, mais son taux d'occupation se rapproche désormais de la moyenne du Cirque à Vegas.

«On continue à faire des ajustements et l'équipe créative travaille avec Criss Angel là-dessus, a glissé M. Blain. (...) Tant qu'on n'est pas à 100 pour cent (d'occupation), on n'est pas pleinement satisfaits.»

Par contre, les spectacles de tournée connaissent de meilleurs résultats que prévu cette année, puisque ces productions ambulantes permettent au public de vivre l'expérience du Cirque à bon prix, sans avoir à se rendre à Las Vegas. Le spectacle La Nouba, présenté à Orlando, en Floride, remporte aussi beaucoup de succès, profitant des promotions offertes par Disney. Chaque année, le Cirque vend entre 12 et 15 millions de billets.

En 2009, le géant du divertissement prédit néanmoins des revenus cinq pour cent moins élevés que ce qui était prévu il y a quelques mois. Le chiffre d'affaires de l'année, qui doit atteindre les 800 millions $, sera tout de même supérieur à celui de 2008, en raison de l'accroissement du nombre de spectacles. La direction s'attend à maintenir son niveau de rentabilité, qu'elle refuse toutefois de divulguer.

Malgré la récession et les restrictions budgétaires que la direction a imposées au début de l'année, le Cirque continue de consacrer un pour cent de ses revenus à des oeuvres caritatives comme le Cirque du monde, la Cité des arts du cirque Tohu et la fondation One Drop, mise sur pied par le fondateur de l'entreprise, Guy Laliberté.

«Nos partenaires sociaux voient les contributions des entreprises diminuer, il y a de la précarisation qui se développe dans certains organismes, alors ce n'est pas le temps de les lâcher», a souligné le vice-président à la «citoyenneté mondiale» du Cirque, Gaétan Morency.

MM. Morency et Blain participaient la semaine dernière au congrès annuel de l'organisme Financial Executives International Canada, à Montréal.