Voilà une bien curieuse histoire de taxes impayées qui émerge d'un court jugement de la Cour supérieure, à Montréal. Revenu Québec réclame 15,6 millions de dollars à deux PME affiliées, mais ces deux firmes sont introuvables puisque leurs adresses du Québec et de l'Ontario sont... fausses.

Les avis de cotisation du fisc concernent des taxes de vente impayées pour une période non précisée. Ils ont été transmis le 5 janvier et le 2 avril aux PME concernées. Le jugement validant les avis de cotisation est daté du 30 avril.

L'entreprise Aikonic se voit ainsi réclamer 12,85 millions, tandis qu'une PME d'un dossier connexe, Commerce Toplus, se voit demander 2,79 millions, pour un total de 15,64 millions. De telles réclamations sont plutôt rares en Cour supérieure.

Selon les jugements, ces deux entreprises ont comme adresse le 2000, rue Mansfield, appartement 1400, au centre-ville de Montréal. Il s'agit de la même adresse que celle indiquée par les deux entreprises au registre des entreprises du Québec.

Inconnues

Or, après vérification, La Presse a constaté que ces bureaux de la rue Mansfield sont plutôt occupés par la compagnie d'assurances Manuvie. Cette société y a ses locaux depuis plus de cinq ans, nous indique-t-on au service des immeubles de l'édifice, qui n'a jamais entendu parler d'Aikonic ou de Toplus.

Au registre des entreprises, il est indiqué que ces deux entreprises font la vente d'accessoires de téléphones cellulaires ou la réparation de cellulaires. Aikonic a comme actionnaire un certain Tsz Chiu Wong, tandis que Toplus a comme actionnaire Winnie Chen.

Dans les deux cas, ces actionnaires donnent comme adresse de résidence un local d'un centre commercial à Markham, en Ontario. L'adresse en question (7357, avenue Woodbine) existe, mais les locaux indiqués (336 et 618) sont inexistants, a constaté La Presse Affaires. Il n'a pas été possible de joindre ni l'un ni l'autre des deux représentants.

À Revenu Québec, la porte-parole Linda Di Vita nous indique que Revenu Québec envoie toujours de tels avis à l'adresse officielle d'une entreprise indiquée au registre des entreprises. S'il s'agit d'une fausse adresse, Revenu Québec tente d'intenter des recours directement contre les administrateurs.