Le président et chef de la direction de Quebecor (t.qbr.b) , Pierre Karl Péladeau, assure qu'il a retenu les dures leçons de l'«échec» de Quebecor World, l'ancienne filiale d'imprimerie du conglomérat médiatique.

«J'ose espérer qu'on va en retenir quelque chose et soyez assurés que j'en retiens énormément», a déclaré vendredi M. Péladeau à l'issue de l'assemblée annuelle du Groupe TVA [[|ticker sym='t.tva.b'|]] , contrôlé par Quebecor.

Le dirigeant a confié qu'il regrettait de ne pas avoir pu empêcher Quebecor World de se placer à l'abri de ses créanciers, en janvier 2008.

«Je ne pense pas qu'on puisse être très heureux d'un échec semblable», a noté Pierre Karl Péladeau. Il a reconnu qu'en faisant les choses différemment, la direction de Quebecor aurait peut-être pu éviter la restructuration judiciaire à sa filiale.

«La structure de financement de l'entreprise était inadéquate», a admis M. Péladeau.

«Il y avait trop de sources de financement. Il y avait de la titrisation, de la dette bancaire, de la dette obligataire, de la dette institutionnelle, plusieurs séries de titres à rendement élevé et là-dedans, il y a des gens qui ont commencé à vendre leurs titres de dette, il y en a qui se sont assurés et donc en conséquence, malheureusement, il y avait des gens qui avaient probablement intérêt à ce que la compagnie se place sous la protection de la cour plutôt que de survivre, parce que financièrement c'était plus intéressant pour eux», a-t-il ajouté.

Il faut tout de même dire que la crise du crédit n'a pas aidé. «Cette entreprise-là était viable, elle avait quand même un bilan relativement équilibré, a expliqué Pierre Karl Péladeau. C'est vrai qu'elle était un petit peu plus endettée que la moyenne de l'industrie, mais pas excessivement.»

Quebecor avait bien tenté un effort ultime de refinancement avec l'appui de la firme torontoise Brookfield Asset Management (TSX:BAM.A), mais en vain. Pour M. Péladeau, la déconfiture de Quebecor World revêtait un caractère très personnel: après tout, il a longtemps fait partie de la haute direction de l'imprimeur, notamment en Europe.

L'an dernier, le PDG avait soutenu que sans Quebecor World, il n'aurait pas été rentable de créer Quebecor Media (en 2000).

Quebecor et la famille Péladeau demeurent les plus importants actionnaires de Quebecor World, mais les actions ne vaudront plus rien au terme de la restructuration, prévue pour la mi-juillet.

«On verra s'ils se sortiront de la faillite, a lâché M. Péladeau vendredi. Ce n'est pas parce qu'ils le disent que ça va se faire. On verra bien, on l'espère pour eux.»

Presque tous les liens ont été coupés entre Quebecor et son ancienne filiale. M. Péladeau, son frère Erik de même que deux proches, Jean Neveu et Jean La Couture, ont démissionné du conseil d'administration en décembre. Quebecor a inscrit en 2007 des radiations de plus de 300 millions de dollars liées à Quebecor World.

En 2008, Quebecor a racheté l'avion d'affaires Challenger de l'imprimeur. Les deux entreprises se sont aussi disputées en cour au sujet de factures impayées, des litiges qui ne sont toujours pas réglés.

L'imprimeur doit présenter la semaine prochaine son plan canadien de réorganisation, la version américaine ayant déjà été déposée. De nouvelles actions, négociées à la Bourse de Toronto, doivent être émises. Elles reviendront principalement aux créanciers de Quebecor World.

En fin d'après-midi, vendredi, l'action de Quebecor s'échangeait à 15,55 $, en hausse d'un pour cent, à la Bourse de Toronto.