La Caisse de dépôt avait perdu le contrôle de la «gestion du risque» qu'elle doit assumer en temps normal. Dirigé par Pierre Brunet, le conseil d'administration de la CDP a toléré un niveau de risque deux fois plus important qu'en temps normal, au dernier trimestre de 2008.

Pour le critique aux Finances du Parti Québécois, François Legault, la Caisse se trompe aussi lourdement quand elle choisit d'investir dans des entreprises à l'étranger plutôt que d'opter pour des sociétés québécoises. À la lumière des dernières données de la Caisse de dépôt, rendues publiques hier avec le rapport annuel 2008 de la société d'État, M. Legault observe que la Caisse, de loin l'acteur économique le plus important au Québec, n'investit que des miettes dans les entreprises d'ici.

 

Fin 2008, la Caisse avait 17,3 milliards d'investis dans les actions d'entreprises québécoises, soit environ 9% de son portefeuille. Concrètement, la CDP ne détient que 5% des actions d'une firme informatique comme CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]], 3% des actions de SNC-Lavalin [[|ticker sym='T.SNC'|]], seulement 0,3% des actions de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] et aucune action de la Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]].

Or, c'est dans son portefeuille d'actions canadiennes que la caisse a minimisé les dégâts (-0,65% de rendement positif). Autrement, l'actif a reculé de 10 milliards cette année par rapport aux autres fonds de retraite, comparables. Sur cinq ans, le retard est de 7,6 milliards.

«Quand j'étais chez Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]], on tentait d'acheter des transporteurs étrangers et il y avait toujours un tiers des actions intouchables détenues par un investisseur institutionnel (une société publique nationale du pays en cause)», rappelait hier M. Legault, en conférence de presse.

Déception

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a refusé de répondre aux questions des journalistes sur le rapport de la Caisse. Il s'est contenté d'un communiqué où il souligne que «comme tous les Québécois, le gouvernement est très déçu des résultats de la Caisse en 2008».

À l'Assemblée nationale, quand M. Legault a relevé le peu de participation de la Caisse dans les entreprises québécoises, M. Bachand a accusé le PQ de souhaiter que le gouvernement «dicte à la Caisse le choix des titres». Pour le ministre, c'est 33 milliards que la Caisse a d'investi au Québec, mais selon M. Legault, cela inclut les obligations des différents corps publics.

Pour le député péquiste, le rapport révèle aussi qu'à la fin de l'année dernière, le conseil d'administration de la Caisse avait levé les limites du risque acceptable. Dans le dernier trimestre, ce niveau de risque avait doublé par rapport à la situation normale.

Pour M. Legault, le président du conseil, Pierre Brunet n'a pas fait face à ses responsabilités en permettant un tel dérapage. Pour le ministre Bachand, toutefois, le député Legault «simplifie beaucoup les choses» et aura tout le loisir d'interroger les dirigeants de la Caisse, pendant 34 heures, lors d'une commission parlementaire spéciale au début de mai.