Un consortium de 20 jeunes hommes d'affaires québécois tente de convaincre le propriétaire du Canadien de Montréal, George Gillett, de vendre 30% de l'équipe au public.

Selon leur projet, 30% des actions du Canadien seraient mises en vente aux partisans de l'équipe aux quatre coins du Québec. Le consortium estime la valeur de ce bloc d'actions entre 100 et 125 millions $CAN. Ces actions ne seraient pas inscrites à la Bourse. Elles seraient plutôt offertes aux Québécois sous forme de parts de 100 $. Au moins un million de parts de 100 $ seraient émises. Le consortium espère vendre ces parts dans les succursales d'une institution financière comme le Mouvement Desjardins.

Le consortium qui a lancé l'idée réunit des professionnels du Québec Inc. dans la trentaine provenant de différents milieux - le droit, les relations publiques, la comptabilité. Ils agiraient comme administrateurs et non comme investisseurs directs, même si la plupart d'entre eux achèteraient des parts du Canadien.

L'instigateur du projet est Jean-Sébastien Besner, un courtier en pharmacie bien connu au Québec. Le Groupe Besner, où il est associé avec son père Jacques Besner, a notamment tenté d'acheter la chaîne de pharmacies Uniprix en janvier dernier. Le Groupe Besner a fait des affaires lucratives au cours des dernières années, notamment grâce à la surenchère dans la vente de pharmacies. Selon des sources proches du milieu pharmaceutique québécois, Jean-Sébastien Besner aurait empoché environ 15 millions de dollars l'an dernier en commissions comme courtier lors de la vente de pharmacies.

«Nous voulons faire un projet mobilisateur pour les Québécois (avec le Canadien). Nous disons à M. Gillett : donnez la chance à ceux qui remplissent votre aréna d'être propriétaire à 30% de votre équipe. C'est le modèle d'affaires idéal pour M. Gillett», dit Jean-Sébastien Besner.

Selon le scénario envisagé par le consortium, George Gillett serait toujours l'actionnaire majoritaire du Canadien, avec 50,1% des actions. Le consortium détiendrait 30% des actions, alors que Molson Coors conserverait sa participation minoritaire à 19,9%. Selon cette formule, le consortium recevrait 30% des profits annuels du Canadien, qui seraient redistribués aux détenteurs de parts sous forme de dividendes.

Jean-Sébastien Besner souhaite rencontrer le président du Canadien de Montréal, Pierre Boivin, cette semaine afin de lui faire part de son projet. M. Besner dit déjà avoir communiqué par personnes interposées avec le banquier Jacques Ménard, qui a été mandaté par George Gillett afin d'évaluer la situation du Canadien de Montréal et des autres propriétés de la famille Gillett.

En décembre dernier, George Gillett avait lui-même évoqué la possibilité de vendre une participation minoritaire de son équipe de hockey aux partisans du Tricolore. «Nous avons pensé créer à quelques occasions un véhicule de placement qui pourrait permettre aux partisans et aux parties intéressées d'investir dans une ou plusieurs de nos propriétés sportives. Je présume que nous allons poursuivre cette démarche à l'occasion dans l'avenir», avait-il déclaré à notre collègue François Gagnon.

Le magazine américain Forbes évalue la valeur du Canadien de Montréal (incluant le Centre Bell), la troisième équipe la plus riche de la LNH, à 334 millions $ US, ou 417,5 millions $ CAN. Le tiers des actions de l'équipe - soit le bloc d'actions convoité par le consortium de Jean-Sébastien Besner - vaudrait ainsi 111 millions $ US, ou 139 millions $ CAN.