L'équipe des patrons du Québec a un nouvel entraîneur, qui entend être plus visible sur la place publique. Il n'est pas un spécialiste du hockey, mais il connaît la game.

Normal, Yves-Thomas Dorval a passé plus de 30 ans en relations publiques. Il a été, entre autres, porte-parole de la ministre de la Santé, Thérèse Lavoie-Roux, d'Hydro-Québec et d'Imperial Tobacco.

 

«Les communications, c'est ce qui me passionne», dit-il sans élever la voix. À 52 ans, Yves-Thomas Dorval vient de s'asseoir dans le fauteuil du président du Conseil du patronat, occupé avant lui pendant deux ans par Michel Kelly-Gagnon.

Le CPQ en est à son quatrième président depuis dix ans. Le dernier arrive en pleine tourmente. L'économie s'enlise dans la récession et la crédibilité des entreprises baisse dans l'opinion publique, outrée par la multiplication des primes faramineuses et autres scandales financiers. Qu'importe, Yves-Thomas Dorval est un optimiste, du genre à dire que les crises sont autant une occasion qu'une menace.

Les entreprises ont un problème de crédibilité, il le reconnaît. «Mais qui n'en a pas?» rétorque-t-il, en précisant que le déficit de crédibilité touche aussi le gouvernement et les syndicats.

Avec le gouvernement et les organisations syndicales, les deux autres équipes en présence, le Conseil du patronat veut faire sa part pour redynamiser l'économie du Québec.

Débats à faire

Le nouveau président arrive au moment où, à cause du rendement désastreux de la Caisse de dépôt, les cotisations à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), payées à 100% par les employeurs, devront être augmentées. La semaine où il entre en fonctions, on apprend aussi que le régime d'assurance parentale, payé par les travailleurs et les employeurs, est dans le rouge et devra lui aussi être renfloué.

Ce n'est rien pour améliorer l'environnement d'affaires, soupire le président du CPQ. «On ne peut pas augmenter les taxes sur la masse salariale au Québec au moment où l'Ontario réduit l'impôt des entreprises», dit-il.

Impôt, lois du travail, taxes sur la masse salariale. Le nouveau président du CPQ a déjà fait siens les combats traditionnels des employeurs québécois. «Est-ce qu'on s'est donné des programmes trop généreux pour nos moyens? Il faut se le demander», affirme-t-il.

C'est le moment de se poser ce genre de questions, selon lui, alors que le gouvernement québécois vient d'annoncer le retour des déficits pour au moins 5 ans.

Au Québec, on a tendance à repousser à plus tard les débats difficiles. Yves-Thomas Dorval en sait quelque chose. Il a participé à la commission Rochon sur l'avenir du système de santé du Québec, qui a constaté que le système était l'otage des groupes de pression. Plus de 25 ans plus tard, c'est toujours le cas, souligne-t-il.

Yves-Thomas Dorval n'a rien contre les groupes de pression. Il est même devenu le président d'un des plus influents de ces groupes, le patronat. Mais si on veut avancer, dit-il, il faut être capable de trancher.

Le leadership fait-il cruellement défaut? Le Québec n'a pas avancé au même rythme que les autres et il a du rattrapage à faire, dit-il. Ce sera tout. Il ne faudra pas compter sur lui pour monter au créneau et pourfendre les responsables de tous les maux qui affligent la société.

Le nouveau président du Conseil du patronat revient de Londres où il a été chef des communications pour l'Europe de British American Tobacco, la société-mère d'Imperial Tobacco. Ce qui permet de voir la situation au Québec avec un regard différent, estime-t-il.

Son autre avantage est d'avoir été longtemps un membre du CPQ. «Aucune entreprise ne paiera pour être membre du CPQ si on ne lui donne pas de la valeur ajoutée.»

Yves-Thomas Dorval a hérité d'une organisation en bonne santé financière, mais qui a vu fondre le nombre de ses membres au cours des dernières années. Il s'attelle donc à la tâche d'augmenter et de rajeunir l'effectif de l'équipe patronale. «Toutes les associations doivent se renouveler.»

Bob Gainey serait sûrement d'accord avec ça.