Les Québécois sont toujours les champions des paiements de factures au pays. Une bonne nouvelle si ce n'était que leur règne tire à sa fin.

En février dernier, la récession a provoqué une hausse de 15% du nombre de mauvais payeurs au Québec, selon les données de la firme Equifax. Au Québec, le taux de mauvaises créances est passé de 1,00% à 1,15% par rapport à la même période l'an dernier. Par mauvais payeurs, Equifax entend ceux qui ont accumulé plus de trois mois de retard dans leurs paiements de factures.

 

La récession semble avoir frappé moins durement la Colombie-Britannique, où le taux de consommateurs en retard d'au moins trois mois dans leurs paiements est passé de 1,07% à 1,15%. Une hausse modeste dans les circonstances qui place la Colombie-Britannique à égalité avec le Québec. À une différence près: la situation se dégrade plus rapidement au Québec, la province ayant subi la hausse de mauvaises créances la plus importante en février (15,0%) devant l'Alberta (9,7%), la Colombie-Britannique (7,5%) et l'Ontario (6,1%).

À l'échelle nationale, le taux de mauvaises créances est passé de 1,28% à 1,38% en un an. Les consommateurs ontariens sont ceux qui ont le plus de difficultés à payer leurs factures à temps. Leur taux de mauvaises créances est de 1,56%.

Comme Equifax, les principaux fournisseurs de services québécois ont remarqué un relâchement chez leurs clients au cours de la dernière année. «Il y a eu un léger ralentissement dans les paiements. Nous restons vigilants, mais ce n'est rien d'inquiétant», dit Audrey Giguère, porte-parole de Gaz Métropolitain. Les retards de paiement des clients d'Hydro-Québec dépassent actuellement le taux habituel de 10%. «Il y a effectivement un peu plus de mauvaises créances qu'à la même période l'an dernier, mais ça semble suivre la tendance canadienne», dit Hélène Laurin, porte-parole d'Hydro-Québec.

Curieusement, les factures de téléphone semblent se payer aussi facilement en temps de récession. «Nous n'avons rien remarqué de particulier. Il y a toujours davantage de clients qui paient en retard après la période des Fêtes, mais l'écart n'est pas plus grand cette année», dit Jacques Bouchard, porte-parole de Bell Canada. Impossible d'obtenir plus de détails sur les habitudes de paiement des clients de Vidéotron, qui invoque leur droit à la confidentialité.

L'économiste Mario Couture n'est pas surpris de voir les consommateurs éprouver plus de difficultés à boucler leur budget et payer leurs factures en temps de récession. «Le climat économique est actuellement très négatif, dit l'économiste au Mouvement Desjardins. La récession est bien enclenchée et le marché du travail se détériore.»

Immobilier

Les Québécois ont beau être les champions des paiements de factures, ils ne sont pas plus sages pour autant dans la gestion de leurs finances personnelles. S'ils paient leurs factures avec assiduité, c'est beaucoup parce qu'ils ne sont pas étranglés par leurs paiements hypothécaires. Au cours des dernières années, le marché immobilier québécois n'a pas connu la même effervescence que celui du reste du pays.

«L'endettement des autres Canadiens est plus élevé en raison de la valeur de leur hypothèque», dit Mario Couture.

Loin de les féliciter pour leur rigueur financière, Mario Couture note, chiffres à l'appui, que les Québécois consomment autant que les résidants du reste du pays.

Entre 1976 et 2007, le taux d'épargne des Québécois est passé de 13,6% à 2,0%. En revanche, le taux d'endettement à la consommation au Québec est monté en flèche, de 18,2% à 35,0%.

«Nous ne pouvons pas affirmer que les Québécois sont plus pépères en matière de consommation, dit l'économiste du Mouvement Desjardins. Comme tout le monde au Canada, nous avons embarqué dans la mode des trois télés, des trois autos et de la piscine pour tout le monde!»

 

QUÉBEC LOIN DEVANT MONTRÉAL

Si le Québec est la province championne des paiements de factures, sa capitale n'est pas en reste. La ville de Québec domine le palmarès des grandes villes canadiennes. Selon la firme Equifax, seulement 0,79% des résidants de la Vieille Capitale ont un retard d'au moins trois mois dans le paiement de leurs factures. Ils devancent ainsi les résidants de Vancouver (1,05%), Calgary (1,15%), Ottawa-Gatineau (1,17%), Edmonton (1,24%) et Montréal (1,32%). Les

mauvaises créances des Montréalais sont en hausse de 15,9% depuis un an, la plus grande hausse parmi les villes canadiennes. Avec un taux de mauvaises créances anormalement élevé de 1,78%, les Torontois sont les cancres des paiements de factures au Canada. Les résidants de la Ville reine peuvent toutefois se consoler en pensant aux ennuis financiers des Américains et à leur taux de mauvaises créances à la consommation de 4,20% au dernier trimestre de 2008, selon la Réserve fédérale américaine.