Choix controversé pour la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia bénéficiera de conditions généreuses pour son régime de retraite. Les mêmes en fait que celles de son prédécesseur, Henri-Paul Rousseau.

S'il part au terme de son contrat de cinq ans à la barre de la Caisse de dépôt, l'ancien patron de BCE aura droit à une rente annuelle de retraite de 235 000$ par année pour le reste de sa vie. Hier, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a confirmé à La Presse que l'ensemble des conditions offertes à M. Sabia «étaient identiques au traitement accordé à Henri-Paul Rousseau».

 

«À une exception près, M. Sabia n'a pas droit à une prime de départ s'il décide lui-même de quitter», explique-t-elle. Henri-Paul Rousseau avait eu droit à une prime de près de 380 000$ quand il avait décidé de quitter la Caisse pour se joindre à Power Corporation.

Hier, à la Caisse de dépôt, le porte-parole Maxime Chagnon a refusé, après plusieurs heures d'hésitations, de préciser les conditions de retraite de son nouveau patron, Michael Sabia.

«Tout sera divulgué au moment de la publication du rapport annuel de la Caisse», à la mi-avril, a-t-il dit, refusant de commenter ce que venait pourtant d'expliquer la ministre responsable de la Caisse.

Publié hier, le décret du Conseil des ministres sur le choix de Michael Sabia précise que ce dernier gagnera 500 000$ par année, comme salaire de base.

La générosité du régime de pension du patron de la Caisse n'avait pas causé de controverse à l'époque. Les détails n'avaient pas été divulgués lors de son embauche, mais expliqués plus tard, dans le rapport annuel de la Caisse.

Résumé dans le rapport annuel de 2007, le régime de retraite du PDG - transféré à M. Sabia s'il faut en croire la ministre des Finances - prévoit que ce dernier obtient une rente de base de 35 000$, plus une rente totalisant 8% de son salaire admissible - sur 500 000$ annuels, on parle de 40 000$, qui deviennent 200 000$ au bout de cinq ans.

D'où la rente de 235 000$ par année que touchera M. Sabia après cinq ans à la barre - il aura alors 61 ans.

L'équivalent d'un fonds de retraite de 2,7 millions

Pour s'offrir, à 56 ans, l'âge de M. Sabia, l'assurance d'une telle rente dans cinq ans, il faudrait avoir accumulé 2,7 millions dans un fonds de retraite, a expliqué à La Presse un spécialiste de ce secteur. Et encore là, il s'agit d'un minimum, établi sur un profil de rente bien modeste; des prestations non indexées, dont seulement 60% seraient transférables au conjoint survivant.

Si le gouvernement prolongeait son mandat, la retraite du patron de la caisse se bonifierait rapidement. Elle passe à 275 000$ pour six années de service, à 300 000$ après sept ans. Cette rente ne peut toutefois pas dépasser 60% du salaire annuel.

En 2003, Jean Charest et ses ténors économiques, dont Mme Jérôme-Forget et Michel Audet, avaient fait des gorges chaudes du traitement accordé au mari de Pauline Marois, Claude Blanchet, quand il avait quitté la direction de la SGF après six ans, et avec une pension de 85 000$ par année. André Caillé était parti avec une rente de 250 000$ après 10 ans à Hydro-Québec. En 2002, Jean-Claude Scraire avait bénéficié d'un coup de pouce de Bernard Landry, qui avait haussé sa retraite à 200 000$ par année, après plus de 20 ans dans le secteur public.