Comme des centaines de membres influents du milieu des affaires, l'ancien premier ministre Lucien Bouchard s'est déplacé au Hilton du centre-ville de Montréal hier midi afin d'entendre le discours le plus attendu de l'année. Lui-même orateur hors pair, il n'a pas été déçu par la prestation d'Henri-Paul Rousseau.

«Il y avait plus qu'un effort, il y avait une démarche objective d'explication. C'est un sujet complexe et je n'ai jamais entendu personne l'expliquer de façon aussi transparente», a dit l'ancien premier ministre du Québec en entrevue à La Presse Affaires.

 

«M. Rousseau assume ses responsabilités, continue M. Bouchard. Il n'a pas dit que c'était la faute du gouvernement ou de Pierre-Jean-Jacques. Il assume l'erreur du papier commercial.»

Mauvaise idée

Devant les pertes records de la Caisse l'an dernier, l'idée de la scinder a été évoquée par certains acteurs du milieu des affaires, notamment l'ancien patron de la Banque Nationale, Léon Courville. Une idée qui ne plaît pas du tout, mais alors pas du tout à Lucien Bouchard.

«Au Québec, quand ça marche, que c'est gros et que c'est fort, on se met à avoir peur, dit M. Bouchard. On a une institution qui est importante et qui peut jouer un rôle dans un secteur international comme la finance et puis on va la fractionner parce que c'est trop gros pour le Québec? Il y a eu une erreur (de commise) et on va fractionner la Caisse? La Caisse a été une grande victoire pour Jean Lesage et ceux qui l'entouraient. Elle a été arrachée au gouvernement fédéral et aux autres provinces. Je ne peux pas comprendre qu'on retourne à un débat comme celui-là (...) Ça nous prend des petits pains, au Québec.»

Lucien Bouchard défend aussi la décision d'Henri-Paul Rousseau d'avoir quitté la Caisse le printemps dernier. «La grande crise a frappé à l'automne», rappelle-t-il.

L'ancien premier ministre, maintenant avocat chez Davies Ward Phillips&Vineberg, évite aussi de blâmer trop sévèrement les anciens dirigeants de la Caisse pour les pertes encourues. «Vous savez, chercher des coupables... soupire-t-il. Le grand coupable, c'est la crise économique, la chute des valeurs personnelles, la cupidité, l'appât du gain, l'irresponsabilité, une certaine arrogance de la part des sorciers de la haute finance, à New York en particulier. La Caisse n'a pas créé la crise. Nous en avons plutôt subi les conséquences.»

Esprit critique

Lucien Bouchard n'était pas la seule personnalité de marque à assister au discours d'Henri-Paul Rousseau hier midi devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

«Je suis arrivé ici avec un esprit critique et j'en sors convaincu que la Caisse est en bon état pour l'avenir», dit l'ancien premier ministre du Québec Pierre Marc Johnson, maintenant avocat chez Heenan Blaikie.

L'ancien ministre des Finances Michel Audet a aussi apprécié les explications d'Henri-Paul Rousseau.

«Je suis très content qu'Henri-Paul ait pu expliquer la situation et rétablir les faits, dit-il. Il est venu s'expliquer, ce qui est courageux (...) Je suis outré de voir à quel point les gens posent des jugements à partir de perceptions et non à partir de la réalité.»