Le marché du fromage au sud de la frontière est aussi déprimé que le sont les Américains eux-mêmes. Mais ça n'empêche pas la coopérative Agropur de vouloir y poursuivre son expansion.

«Il pourrait arriver qu'on fasse une acquisition en Amérique du Sud, mais notre premier objectif, c'est quand même les États-Unis», explique en entretien Pierre Claprood, chef de la direction de la coopérative.

 

M. Claprood convient qu'actuellement, le marché américain «est difficile pour tout le monde». Mais il pense qu'à long terme, l'avenir de la coop de Saint-Hyacinthe passe par là. «Nos clients sont là aussi», précise-t-il.

Ses cibles sont «autant dans le fromage que dans le lait». Mais il précise, sans donner plus de détails: «Nous, on est très fort dans le cheddar de maturation.»

Le début d'année n'est pourtant pas facile pour les fromagers américains ou ceux qui y sont présents. Les récents résultats de Saputo en sont la preuve, l'entreprise ayant dû diminuer la valeur de ses stocks de fromages en raison de la chute des prix. Des prix qui restent bas sur le marché du gros, à la Bourse de Chicago.

Agropur produit la moitié de ses fromages aux États-Unis, soit quelque 75 millions de kilogrammes. Comme les derniers résultats d'Agropur couvraient l'année se terminant à la fin octobre - avant la chute des prix en fin d'année -, ils n'en ont pas été affectés. Agropur a conclu son dernier exercice avec un excédent de 121,3 millions, ce qui a permis de retourner dans les régions du Québec des ristournes de 88,9 millions.

L'excédent était en baisse par rapport aux 129,7 millions de 2007. Outre une semaine de plus dans le calendrier de 2007, la diminution s'explique par la baisse des prix du lactosérum, qu'on appelle aussi petit lait. Grosso modo, 100 litres de lait permettent de fabriquer une dizaine de kilos de fromage et, une fois les résidus séchés, de 5 à 6 kilos de lactosérum de base.

Ce produit très sucré, utilisé dans la nutrition animale notamment, a lui aussi vu sa valeur s'effondrer, à partir du printemps dernier. Comme Agropur en produit une cinquantaine de millions de kilos par année, l'impact s'est fait sentir dans la colonne des revenus: un impact de «15 millions à 17 millions», explique M. Claprood. «Cette année, ça va être encore moins.»

Contrairement au prix du fromage qui n'a pas d'impact direct sur ses activités canadiennes en raison du système de gestion de l'offre de ce côté-ci de la frontière, le prix du lactosérum, lui, est mondial.

Et 2009?

Comme d'autres, Agropur commence à sentir les effets de la récession. Ses ventes de fromages fins, qui offrent des marges plus grandes que les autres produits, sont en baisse de 5% à 10% depuis décembre, explique le gestionnaire.

Pour le reste de l'année, M. Claprood espère un dégel économique à la fin du printemps. «On ose espérer qu'en fin d'année, même s'il risque d'y avoir des mois difficiles d'ici là, on finira avec un résultat semblable à l'an passé.»

Et, en prime, quelques usines de plus au sud du 49e parallèle...

 

Les ventes d'Agropur

> 200 millions de dollars de fromages fins

> 1,3 milliard de fromages et produits fonctionnels

> 1,4 milliard de lait

Et 2 coentreprises: Aliments Ultima (Yoplait) et La Lactéo (en Argentine)

Source: Agropur