Les papiers commerciaux de-vaient être un moyen pour la Caisse de dépôt de bonifier ses liquidités, avec des titres «aussi bien cotés» que les bons du Trésor, ont affirmé hier ses dirigeants.

Plutôt, ces fameux PCAA dans lesquels la Caisse a investi jusqu'à 12,7 milliards de dollars se sont transformés en véritable piège dès les premiers remous de la crise financière.

 

«Le marché des PCAA canadiens a fonctionné correctement pendant des années. Néanmoins, ce fut une erreur d'en accumuler autant», a admis Fernand Perreault, président et chef de la direction de la Caisse.

Conséquence de cette erreur: au moins 5,6 milliards des PCAA détenus par la Caisse ont dû être déprécié depuis le gel de ce marché, en août 2007.

Et de cette somme, au moins 3,8 milliards ont dû été dépréciés durant la seule année 2008, a-t-on confirmé hier, avec les résultats annuels.

Mais ce n'est pas tout. S'ajoutent à cette dépréciation au moins 300 millions en frais de restructuration et en radiation définitive de PCAA trop détériorés pour en espérer un regain de valeur.

Jusqu'à maintenant, donc, l'impact de l'aventure des PCAA sur les résultats de la Caisse de dépôt s'élève à 5,9 milliards.

Or, ce montant pourrait empirer si les marchés financiers dérapaient davantage cette année.

Et ensuite, la Caisse de dépôt devra soutenir pendant quelques années jusqu'à six milliards en garanties qu'elle a consenties au rétablissement du marché des PCAA.

Mais dans l'immédiat, les hauts dirigeants de la Caisse tentent de se faire rassurants envers la «perte» attribuée aux PCAA.

D'autant que ces titres recommencent à produire des intérêts, prévus à hauteur d'environ 200 millions par an.

Rendement amoché

En fait, disent-ils, parce qu'elle est surtout constituée de dépréciation de valeur marchande, la perte multimilliardaire attribuée aux PCAA pourrait être effacée d'ici «cinq à sept ans».

«Les dépréciations d'actifs, c'est pas perdu. Ça pourrait être récupéré en quelques années, avec les regains de marché», a indiqué Pierre Brunet, président du conseil.

L'explication est plausible en stricts termes comptables et boursiers. Mais dans l'immédiat, tout le rendement de la Caisse et des fonds de ses déposants du secteur public québécois s'en trouve très amoché.

En 2008, l'effet aggravant des PCAA sur le rendement totale a atteint 2,5 points de pourcentage, selon les chiffres divulgués hier.

Autrement dit, sans les PCAA, le rendement négatif de la Caisse en 2008 aurait été d'environ 22,5%, au lieu du taux de 25% annoncé.

N'empêche, c'est le deuxième exercice consécutif à la Caisse de dépôt la crise des PCAA, à elle-seule, retranche plus de 1% au rendement total.

En 2007, cette ponction spécifique avait atteint 1,3 point de pourcentage.

De plus, même le rendement à plus long terme de la Caisse - la vraie mesure selon ses dirigeants - se trouve amoché par l'impact immédiat des PCAA.

Ces coûts amputent un point de pourcentage au «rendement 5 ans» de la Caisse, qui glisse ainsi à 3,1%.

Avec ce recul, elle se retrouve désormais sous la médiane (3,6%) de rendement quinquennal des caisses comparables avec un actif de 1 milliard et plus.