Les piètres résultats financiers de la Caisse de dépôt et placement, qui seront dévoilés aujourd'hui, devraient conduire vers des hausses de tarifs à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), à la Régie des rentes, à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et au Régime québécois d'assurance parentale, a appris Le Soleil.

Hier, à la SAAQ, on marchait sur des oeufs. Le fonds de 8 milliards $ déposé à la Caisse de dépôt devrait connaître une importante dégelée. On parle maintenant d'une perte d'environ 3 milliards $, soit un peu plus de 30 % de sa valeur.

 

Avec la crise financière qui frappe les marchés boursiers et immobiliers, tout indique que le recul du rendement global de la Caisse sera significatif cette année. On parle d'une chute de 26 % (38 milliards $) sur les avoirs nets des déposants de 155 milliards $.

Or, la loi québécoise du régime de l'assurance automobile ne permet pas un déficit actuariel. Il doit être capitalisé en entier sur-le-champ. Une «perte» de 3 milliards $ pourrait se traduire par une hausse d'environ 55 $ du permis de conduire ou encore des droits d'immatriculation des conducteurs québécois, a fait savoir hier une source près du dossier.

À la SAAQ, on soutient qu'«aucun scénario de nouvelles hausses n'est sur la table en ce moment», indique le porte-parole Gino Desrosiers.

La SAAQ a déjà décrété pour les années 2008, 2009 et 2010 des hausses respectives de 12 $, 13 $ et 13 $ sur le permis de conduire et de 2 $, 3 $ et 3 $ sur les droits d'immatriculation des quelque cinq millions de conducteurs québécois.

Selon M. Desrosiers, la SAAQ a établi que le régime serait rentable s'il réalisait entre 2004 et 2014 un rendement annuel moyen de 6,5 %. En calculant une débâcle de 30 % pour 2008, le rendement du régime de la SAAQ se sera alors élevé à 4,5 % depuis 2004.

M. Desrosiers souligne que le bilan routier de la SAAQ s'est amélioré en 2008, alors que moins de décès et de blessures graves ont été répertoriés sur les routes. Cette incidence devrait se traduire par une baisse significative des indemnisations. Ce ne serait toutefois pas assez pour assurer la viabilité à long terme du régime.

Des hausses ailleurs

La débandade des portefeuilles de la Caisse devrait également avoir un impact à la Régie des rentes, à la CSST et au Régime québécois d'assurance parentale.

À la Régie des rentes, un document de consultation publique publié en juin 2008 parlait d'une hausse du taux de cotisation de 0,5 % (9,9 % à 10,4 %) dès 2011.

«Ce scénario tenait la route avant la crise financière», fait observer le porte-parole de la Régie, Herman Huot.

Car voilà. La commission parlementaire qui devait se tenir sur l'avenir du régime de la Régie des rentes n'a pas eu lieu comme prévu l'automne dernier en raison des élections provinciales. Ce qui devrait se faire cette année.

Plusieurs sources sont d'avis que le taux de cotisation de la Régie des rentes devrait changer dès l'an prochain (2010) plutôt qu'en 2011. Gardons à l'esprit que la Caisse de dépôt gère pour 35 milliards $ de fonds de la Régie des rentes. On s'attend à ce que les pertes s'élèvent à près de 4 milliards $.

Les 188 000 employeurs du Québec qui versent des fonds à la CSST devront également mettre la main à la pâte. Leur taux de cotisation de cette année (2,10 $ par 100 $ de masse salariale), fixée en mai dernier, ne devrait pas être augmenté. Pour l'an prochain, on parle cependant d'une autre histoire.

La Caisse gère pour la CSST un fonds d'environ 11 milliards $. Les pertes pourraient s'élever à près de 2,5 milliards $.

Enfin, le Régime québécois d'assurance parentale n'est pas en reste. Déjà déficitaire, le régime continue de perdre de l'argent malgré une hausse de 7,5 % des cotisations le 1er janvier.

Cette année, le manque à gagner du régime pourrait atteindre les 300 millions $. La Caisse de dépôt gère pour ce régime tout près de 200 millions $, dont 500 000 $ sont gelés dans les fameux papiers commerciaux adossés à des éléments d'actif (PCAA).