Les gestionnaires de la Caisse de dépôt et placement devront rendre des comptes devant l'Assemblée nationale au sujet des résultats désastreux pour l'année 2008 qui seront rendus publics aujourd'hui. Pierre Brunet, Fernand Perreault, Henri-Paul Rousseau et d'autres témoins comparaîtraient dès la semaine prochaine.

Les membres de la commission parlementaire des finances publiques se réuniront aujourd'hui afin de préparer des audiences extraordinaires qui visent à faire la lumière sur les pertes du bas de laine des Québécois. La rencontre se tiendra à 17 h 30, quelques heures après le dévoilement des résultats financiers de la Caisse.

 

Un bras de fer oppose déjà le gouvernement et l'opposition officielle sur l'organisation des travaux. Les libéraux souhaitent que la commission se tienne dès la semaine prochaine, donc avant l'ouverture de la session parlementaire, le 10 mars. Surtout, ils veulent que les audiences durent une journée, deux jours «au maximum».

Or, l'opposition officielle refuse que «la question soit expédiée rapidement», a affirmé à La Presse le critique en matière de finances, François Legault.

Le PQ veut faire comparaître la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. Pas question, répond le gouvernement. «On s'est enlevé les mains, les politiciens, de la Caisse de dépôt. Alors, la ministre des Finances n'est pas dans la gestion de la Caisse. Ceux qui gèrent la Caisse de dépôt, ce sont les gestionnaires, pas les politiciens», a répliqué le député libéral de Montmorency, Raymond Bernier, aussi membre de la commission des finances publiques.

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue en pleine campagne électorale, le président du conseil d'administration de la Caisse, Pierre Brunet, a admis qu'il parle tous les jours à la grande argentière du gouvernement. Il lui remet chaque mois un rapport sur l'état des finances de la Caisse. «On veut savoir à quel moment la ministre a su que la Caisse perdait plus que le reste du marché», a dit M. Legault.

Les pertes de la Caisse pourraient atteindre 38 milliards de dollars, un rendement négatif de -26%.

Longe liste de témoins du PQ

La comparution de Pierre Brunet et de Fernand Perreault, PDG intérimaire à la suite de la démission de Richard Guay en janvier, est acquise. L'ex-PDG Henri-Paul Rousseau, qui a quitté son poste en mai dernier, sera également convoqué.

François Legault se présentera à la réunion avec une longue liste de témoins que son parti veut entendre. «On veut aller le plus loin possible, bien comprendre ce qui s'est passé et quelles sont les répercussions», a-t-il expliqué.

Le PQ souhaite convoquer des représentants des organismes déposants de la Caisse, comme la CSST, la Régie des rentes, la SAAQ et divers régimes de retraite. Il veut aussi le témoignage de deux anciens PDG de la Caisse, Jean-Claude Scraire et Jean Campeau.

La formation de Pauline Marois lie les rendements négatifs de la Caisse au changement de sa mission par le gouvernement Charest. Depuis décembre 2004, la recherche d'un rendement optimal prend le pas sur la contribution au développement économique du Québec. Ces deux objectifs étaient sur un pied d'égalité auparavant. Le PQ veut faire comparaître l'ancien ministre des Finances, Yves Séguin, celui qui a déposé le projet de loi modifiant la mission de la Caisse. Il entend également donner la parole à l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, qui, comme conseiller économique et financier de Jean Lesage, a travaillé à la mise sur pied de la Caisse de dépôt et placement dans les années 60.

Le 10 février, Monique Jérôme-Forget se disait opposée à la comparution des gestionnaires de la Caisse devant une commission parlementaire, une demande que formulait le PQ depuis plusieurs jours déjà. Elle affirmait que les dirigeants défendraient leur gestion au moment de l'étude des crédits budgétaires de son Ministère, comme chaque année. Elle a finalement changé son fusil d'épaule.

En début de semaine, le président de la commission des finances publiques, Alain Paquet, député libéral de Laval-des-Rapides, a invité les membres à la séance de travail qui aura lieu aujourd'hui pour organiser les audiences extraordinaires.

Les libéraux demeurent évasifs sur le mandat exact que devrait avoir selon eux la commission parlementaire. «Ce que je souhaite, c'est que la population puisse être informée», s'est contenté de dire Raymond Bernier, refusant de «présumer de la décision qui sera prise par les membres de la commission».