Pour les PME, l'heure n'est pas encore au pessimisme. Par contre, il y a de l'inquiétude dans l'air.

C'est ce qu'indique un nouvel indice lancé par le Fonds de solidarité FTQ et la firme de recherche Léger Marketing, l'Indice de confiance PME, basé sur un sondage effectué auprès de 200 petites et moyennes entreprises du Québec.

«Il s'agit d'un premier indice scientifique, a soutenu Jean-Marc Léger, le président de Léger Marketing, dans un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. C'est un premier thermomètre qu'on place dans la bouche du patient, le dirigeant de PME, pour mesurer sa température aujourd'hui, parce qu'on sait que ça va chauffer dans les prochains mois.»

L'échelle du nouvel Indice de confiance PME va de 0 à 100. Elle compte cinq paliers: la crise grave, la morosité, l'inquiétude, la confiance mitigée et la grande confiance. Le premier indice, calculé à partir d'un sondage effectué entre le 29 janvier et le 8 février, se situe à 51, soit au beau milieu du palier «inquiétude».

Les réponses des dirigeants de PME au sondage dénotent quand même une certaine confiance. Ainsi, 61% des répondants se déclarent optimistes pour l'avenir des PME au cours de la prochaine année, contre 38% qui se disent pessimistes. La confiance règne encore davantage lorsqu'il est question de leur propre entreprise: 83% se disent optimistes, alors que seulement 18% se montrent pessimistes.

«La crise est encore celle des autres», a lancé M. Léger.

Pas moins de 45 des répondants prévoient effectuer des embauches au cours de l'année, alors que 16% prévoient des mises à pied.

«Je suis un peu surpris, a commenté le président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ, Yvon Bolduc. J'aurais pensé que les entrepreneurs seraient un peu plus pessimistes. Mais par définition, les entrepreneurs sont des gens éminemment optimistes.»

Il a ajouté qu'un autre facteur pouvait expliquer la relative confiance des dirigeants de PME. Lorsque le dollar canadien s'est renforcé, ils ont dû réagir pour augmenter la productivité de leur entreprise, ils ont dû changer leur façon de faire, modifier leurs produits.

«Maintenant que leur entreprise s'est renouvelée et que le dollar est retourné autour des 80 cents US, ils se retrouvent dans une position favorable, en autant que la demande américaine est au rendez-vous», a-t-il déclaré.

L'inquiétude s'est manifestée davantage lorsque les sondeurs ont demandé aux répondants quelles étaient leurs principales préoccupations. Le coût des opérations est arrivé en première position, devant le recrutement de la main-d'oeuvre et l'accès au financement.

M. Bolduc, qui rencontre régulièrement des dirigeants de PME dans le cadre de ses tournées dans la province, a vu là un changement important.

«Jusqu'à tard l'automne passé, la première préoccupation, c'était le recrutement, la rareté de la main-d'oeuvre, a-t-il déclaré. Maintenant, on parle du coût des opérations et du financement. J'ai l'impression que dans deux mois, le recrutement pourrait glisser au troisième rang des préoccupations.»

Pas moins de 49% des répondants ont dit s'attendre à ce que l'accès au financement soit plus difficile cette année.

Pour Jean-Marc Léger, les résultats du sondage montre que la crise commence à entrer au Québec.

«Pour les PME, la crise est encore financière, elle n'est pas encore économique, a-t-il déclaré. La clé, c'est l'accès au financement. Si les entreprises n'ont pas cet accès, tous les autres indicatifs vont devenir négatifs.»

Le Fonds de solidarité FTQ et Léger Marketing entendent mesurer l'Indice de confiance PME six fois par année.

«Le prochain va nous donner une direction», a déclaré M. Léger.

Le sondage de Léger Marketing a une marge d'erreur de 6,93%, 19 fois sur 20.