Les difficultés de l'industrie automobile n'épargnent pas l'agence de communication Cossette (t.kos), qui doit suivre de près la situation financière de l'un de ses cinq principaux clients, General Motors.

«Si ce client devait connaître des difficultés financières plus sévères, notre capacité à récupérer nos comptes clients pourrait être compromise et une telle situation pourrait avoir un effet négatif important sur notre position financière», peut-on lire dans le rapport de gestion du premier trimestre de l'année 2008-09, terminé le 31 décembre.En conférence de presse à l'issue de la tenue de l'assemblée annuelle des actionnaires, jeudi, le président et chef de la direction de Cossette, Claude Lessard, a toutefois voulu se faire rassurant.

«On suit la situation de près, mais il n'y a rien qui nous indique qu'il y a une détérioration dans la relation d'affaires ou dans la façon qu'ils nous payent», a-t-il déclaré.

Cossette a connu une année 2007-08 difficile avec la fin du contrat d'exclusivité de Bell Canada [[|ticker sym='t.bce'|]], qui était son plus important client. Le géant des télécommunications comptait pour plus de 15 pour cent des revenus de Cossette, soit le double du deuxième client en importance. Aujourd'hui, aucun client ne pèse plus de huit pour cent dans le chiffre d'affaires de l'entreprise.

Bell partage désormais ses dépenses publicitaires entre quatre agences, dont fait encore partie Cossette, mais l'impact a tout de même été brutal pour cette dernière. L'entreprise a dû licencier près de 120 employés, répartis également entre Montréal et Toronto. Au premier trimestre de 2008-09, le premier où l'impact de Bell s'est pleinement fait sentir, les revenus de Cossette ont chuté de 7,3 pour cent au Canada.

«Le marché s'attendait à un désastre, mais on a réussi, durant l'année, à gagner de nouveaux mandats, de nouvelles affaires, sans compter que des clients existants ont augmenté leurs dépenses», s'est félicité M. Lessard.

Face à la conjoncture économique difficile, Cossette n'ose plus faire de projections financières. L'agence espère toute de même combler entièrement la perte des revenus de Bell d'ici 12 mois.

«Idéalement, on aimerait être presque revenus à la normale à la fin de l'année, mais la situation économique fait que ça va peut-être être plus difficile», a expliqué Claude Lessard.

Selon lui, il existe trois types de clients en contexte de récession: ceux qui réduisent leurs investissements en publicité-marketing dans la même proportion que la baisse de leurs ventes, les grandes marques qui veulent maintenir leur notoriété en préconisant le statu quo dans leurs dépenses publicitaires et les entreprises en difficulté qui sabrent massivement.

Diversité

Outre le secteur automobile, M. Lessard s'attend à ce que le domaine de l'électronique soit lui aussi casse-cou au cours des prochains mois. Cossette, la plus importante agence canadienne et la dixième en Amérique du Nord, mise sur la diversité des services qu'elle offre pour se tirer d'affaire.

Ainsi, l'entreprise n'a pas trop souffert de la décision de certains clients de faire migrer leur publicité des médias de masse (télévision, radio, journaux) vers l'univers numérique, où elle est aussi présente. La publicité pour les médias de masse représentait 68 pour cent des revenus de Cossette en 1998, contre à peine 34 pour cent en 2008.

Cossette peut aussi compter sur des clients qui réussissent bien quand les temps sont durs, comme l'épicier Metro [[|ticker sym='t.mru.a'|]] et la chaîne de restauration rapide McDonald's, sans oublier les administrations publiques.

L'agence vient de remporter plusieurs mandats du gouvernement du Québec et le bureau londonien de l'entreprise prévoit que le secteur étatique sera très dynamique au Royaume-Uni cette année.

«Notre portefeuille équilibré va nous aider beaucoup», a estimé Claude Lessard.

L'affaiblissement de certains concurrents à cause de la crise pourrait aussi avoir un effet bénéfique, que ce soit pour gagner de nouveaux clients ou racheter des firmes à prix avantageux. «Notre stratégie de croissance n'est pas basée sur le malheur des autres, mais c'est une possibilité, c'est sûr», a glissé M. Lessard.

Résultats

Au premier trimestre, le bénéfice net de Cossette s'est établi à 1,6 million $ (10 cents par action), en baisse de 53 pour cent par rapport aux 3,4 millions $ (20 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

Le chiffre d'affaires a retraité à 57,9 millions $, une baisse de 2,3 pour cent. Au Royaume-Uni, il a été de 18,8 millions $, en baisse de 1,3 pour cent, du fait de la dépréciation de la livre sterling. Aux États-Unis, les revenus se sont chiffrés à 5,9 millions $, en progression de 35,9 pour cent, en raison d'acquisitions et de l'appréciation du dollar américain.

Au cours de l'exercice 2007-08, terminé le 30 septembre, Cossette a enregistré des revenus de 253,3 millions $ et des profits nets de 8,9 millions $ (54 cents par action). En 2006-07, le chiffre d'affaires avait atteint 234,1 millions $ et le bénéfice net, 15,8 millions $ (94 cents par action).

Cossette emploie 1630 personnes et compte plus de 800 clients, parmi lesquels Sony, Bombardier, Molson Coors, la Banque de Montréal, Rio Tinto Alcan, Procter & Gamble et Virgin Holidays.

Jeudi après-midi, le cours de l'action de Cossette demeurait inchangé à 4,40 $, à la Bourse de Toronto.