Dix ans après le déclenchement du lock-out au Journal de Montréal, le 24 janvier 2009, Pierre Karl Péladeau croit que si ce quotidien est encore là aujourd'hui et qu'il va bien, c'est parce qu'il a posé les bons gestes lorsqu'il le fallait.

Interrogé jeudi après qu'il eut participé à une table ronde des médias sur la future Loi sur la diffusion et la réglementation, M. Péladeau a accepté de revenir sur cet épisode du lock-out au Journal de Montréal, qui avait duré 25 mois, touchant 253 travailleurs.

« Aujourd'hui, si le Journal de Montréal existe, c'est parce qu'on a posé les gestes appropriés à ce moment-là », a affirmé le président et chef de la direction de Québecor.

Il a laissé entendre qu'il avait été forcé d'agir ainsi à cause du contexte, à l'époque. « J'aurais souhaité ne pas être obligé de les poser, malheureusement, la responsabilité qui échoit, j'ai dû l'assumer. Et je vais continuer à assumer mes responsabilités », a-t-il ajouté.

Les conditions de travail au Journal de Montréal, à l'époque, étaient très avantageuses comparativement aux autres médias, a-t-il affirmé. Entre autres conditions, les vacances y étaient payées à taux et demi.

De plus, internet devenait de plus en plus présent - ce qui devait changer les façons de faire dans les médias, a souligné M. Péladeau. Effectivement, à l'époque, les enjeux du conflit de travail, comme la convergence et le travail multiplateforme, se posaient de plus en plus. Et ils sont devenus une réalité, aujourd'hui, dans bien des médias.

« Ce n'était pas un moment très agréable. Mais en même temps, ça a été un épisode... Dix ans plus tard, les journaux... nous sommes rendus où ? Les journaux ferment. Mais Le Journal de Montréal, il n'est pas fermé. Le Journal de Québec, il n'est pas fermé. Le Journal de Montréal est une entreprise qui va bien, qui va continuer à investir, mais qui va le faire en vertu des règles ou des conditions qui sont celles d'un nouveau marché », a soutenu M. Péladeau.

Les membres du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, rattaché à la CSN, avaient finalement accepté la dernière offre patronale, en février 2011, dans une proportion de 64,1 %. Une soixantaine d'employés conservaient leur emploi ; les autres se partageaient des indemnités de 20 millions.

« Moi, j'ai une responsabilité comme dirigeant d'entreprise. J'essaie de convaincre. Mais, à un certain moment, si je ne suis pas capable de le faire, je dois assumer mes responsabilités », a conclu M. Péladeau.