Les règles sur la concentration des médias ont été assouplies jeudi par les autorités de la concurrence américaine dans une décision qui pourrait accélérer le mouvement de consolidation dans le secteur.

L'autorité fédérale des communications (FCC) a voté par 3 voix contre 2 pour éliminer une réglementation datant de 1975 et empêchant une seule et même société de posséder sur le même marché une station de télévision et un journal. Le vote permet aussi désormais à une société de diffusion de posséder plusieurs radios et télévisions sur le même marché.

«Pendant trop longtemps, la Commission n'a pas voulu reconnaitre le rythme du changement du paysage médiatique en maintenant des règles se rapportant aux médias analogiques qui ne reflètent pas l'âge numérique», a souligné la FCC dans un communiqué.

La Commissaire Jessica Rosenworcel, qui a voté contre cette mesure, a estimé que «le vote d'aujourd'hui ouvre la porte à une consolidation encore plus importante».

«Nous allons bouleverser les valeurs de diversité, d'informations locales et de concurrence qui ont dirigé notre politique en matière de médias pendant des années», a-t-elle ajouté.

Des opposants à cette mesure ont estimé qu'elle avait pour but de permettre au groupe Sinclair Broadcast Group, perçu comme proche du président Donald Trump, de mener à bien son projet d'acquisition pour 3,9 milliards de dollars de Tribune Media, portant à plus de 200 le nombre de ses stations de télévision couvrant 72% de la population américaine.

«Le président (de la FCC) Ajit Pai et ses collègues républicains veulent nous dissimuler l'impact cauchemardesque de la consolidation des médias sur les communautés locales et les rédactions», a accusé Craig Aaron de l'association Free Press.

«Le vote d'aujourd'hui va permettre davantage de fusions, donc encore plus de licenciements et accroître le nombre de communautés sans organe d'information pour couvrir des histoires importantes et obliger les autorités à rendre des comptes», a-t-il estimé.

Mais Joe Kane, du centre de réflexion progressiste R Street, a jugé pour sa part que les anciennes règles étaient dépassées. «Avec le développement des chaînes d'informations en continu et de l'internet, cette interdiction de participations croisées n'avait plus de sens», a-t-il écrit dans un blogue.

«Jeff Bezos (le PDG d'Amazon et l'homme le plus riche du monde) a pu acheter le Washington Post; et Facebook ou Google pourraient légalement acheter le New York Times mais un diffuseur local se voyait interdire d'acheter un journal local», a-t-il dénoncé.