La populaire campagne numérique canadienne de McDonald's «Nos aliments. Vos questions», lancée en 2012 et primée au Festival de la créativité de Cannes, n'a pas plu qu'aux consommateurs et à des jurys. Elle a retenu l'attention de Minalliance, qui a décidé d'emprunter la même stratégie pour jouer de transparence avec le public.

«Ça a interpellé l'industrie, mentionne la directrice générale Isabelle Poirier. Elle s'est dit: si une société comme McDonald's est capable de répondre à toutes les questions des consommateurs, nous aussi, on peut le faire!»

En février dernier, le regroupement d'associations, de sociétés minières et d'entreprises de services fondé en 2010 a lancé MinesQc.com, sur lequel on répond honnêtement aux interrogations du public. Que fait-on des sites qu'on a fini d'exploiter? Quels sont les principaux minerais retrouvés au Québec? Qui décide ultimement si un site va être exploité?

«Il nous faut de une à quatre semaines pour répondre aux questions, admet Isabelle Poirier. Ça peut paraître beaucoup, mais il faut parfois trouver des données qui sont enfouies très loin! J'ai déjà dû entrer en contact avec le dirigeant d'une entreprise en Colombie-Britannique pour une information qui touchait le Québec. On s'engage à répondre à tout - outre à ce qui touche à de l'information qui peut porter un préjudice - et tout le réseau est mobilisé pour le faire.»

En deux mois et demi, une quarantaine de questions ont été posées. Elles touchent souvent à l'environnement et aux possibilités d'emploi. «On fournit également des fiches d'information, et les discussions peuvent se poursuivre sur notre page Facebook, dit Isabelle Poirier. On voit le niveau d'intérêt monter. Nous sommes passés de 600 à 3000 amis. On pousse aussi les gens vers notre blogue. On doit prendre notre place. L'industrie n'était présente ni sur internet, ni sur les réseaux sociaux. Ce fut mon constat en arrivant en poste l'an dernier.»

Réponse enthousiaste

Le site a été préparé pendant un an, et l'industrie a été interpellée durant ce temps. «Les dirigeants des sociétés minières, les firmes d'experts-conseils et autres fournisseurs ont dit oui rapidement, dit Isabelle Poirier. Ça en a rassuré plusieurs, car c'est un milieu de scientifiques et non de communicateurs. Aussi, très peu de sociétés ont des ressources pour un système d'information en continu.

«Parallèlement, l'industrie s'est rendu compte qu'elle devait mettre en place un mécanisme formel d'écoute, ajoute Mme Poirier. Qu'elle était méconnue. Au fil des ans, elle a compris qu'elle n'avait pas été toujours là pour écouter les gens. Que ceux-ci restaient sur leur faim quand ils posaient des questions. Elle lançait des initiatives, en vain. Mais ça ne servait à rien de pousser de l'information, de dire quoi penser. Fallait plutôt répondre aux questions des gens.»

Minalliance jure qu'elle ne forgera pas de questions pour véhiculer de l'information sur l'industrie minière. «C'est tentant, mais ce ne sera pas permis, jure Isabelle Poirier. MinesQc.com n'est pas de la manipulation.»

Car Minalliance souhaite la pérennité de sa plateforme de discussions. «On est convaincus que la conversation va évoluer, dit Isabelle Poirier. Je souhaite d'ici un an avoir une application. Mais en attendant, j'ai hâte aux questions plus complexes. À la question qui tue!»