À regarder plonger les indices boursiers, hier, on peut être porté à penser que les mauvaises nouvelles s'accumuleront.

Ou penser qu'après les poussées des marchés en 2013, les investisseurs et les spéculateurs préfèrent engranger une partie de leurs profits, quitte à compromettre cette année le rallye du père Noël, comme on surnomme souvent les petites montées boursières de décembre.

Pourtant, plusieurs dossiers politiques majeurs semblent enfin débloquer, ouvrant la voie à une croissance plus robuste l'an prochain et à un adoucissement du climat d'incertitude.

L'accord bipartite intervenu mardi soir au Congrès américain représente un déblocage encourageant. Même si cette entente négociée par le représentant républicain Paul Ryan et par la sénatrice démocrate Patty Murray reste encore à approuver, voire modifier par les deux chambres, elle réduit de beaucoup les risques d'une deuxième mise sous séquestre de Washington, à la mi-janvier.

En octobre, l'impasse budgétaire avait abouti à la fermeture du gouvernement pendant deux semaines.

L'entente autorise, pour le budget de 2014 (jusqu'au 30 septembre), des dépenses de 1012 milliards US et, pour 2015, des dépenses de 1015 milliards US. Elle prévoit des coupes supplémentaires totalisant 85 milliards US sur 10 ans et la création d'une nouvelle taxe pour financer la sécurité dans les aéroports. Elle n'esquisse aucune réforme de la fiscalité ni de nouveau plafond au relèvement de la dette, en revanche.

C'est néanmoins une percée, fruit d'une réelle négociation. Il y a eu aussi l'adoption de la règle de Volcker, qui interdira aux banques de spéculer à partir de leur capital ou de l'avoir de leurs déposants, à partir de juillet 2015. La règle se veut une des réformes conçues pour éviter une nouvelle crise financière comme celle de 2008.

Le mécanisme unique de résolution

Et dernier élément, mais non le moindre, les ministres des Finances de l'Union européenne se sont rapprochés hier d'un accord pour la création d'un mécanisme unique de résolution (MUR) avant la fin de l'année. D'ici 10 ans, les membres de l'Union transféreront au MUR la gestion d'une cagnotte de 55 milliards d'euros destinée à renflouer au besoin une des 6000 banques européennes. Durant la crise, les sauvetages ont été financés par les contribuables.

Le MUR s'ajoute au mécanisme unique de supervision qui accordera à la Banque centrale européenne le pouvoir de surveiller les activités des grandes banques de la zone euro, dès l'an prochain.

Un troisième mécanisme prévoit la création d'une assurance dépôt commune, jusqu'à concurrence de 100 000 euros par déposant. Bien que perfectibles et partielles, ces réformes permettent d'espérer une plus grande stabilité du système financier, préalable à une croissance économique plus soutenue.

C'est sans doute une coïncidence, mais il est amusant de constater que l'Agence internationale de l'énergie a relevé hier ses prévisions de consommation pétrolière pour l'an prochain, mue surtout par l'amélioration des conditions économiques des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

On observe aussi une nette amélioration du bilan des ménages américains, ce qui devrait les pousser à consommer davantage. Ainsi, pour la première fois depuis la récession, la valeur de leur actif net dépasse la moitié de la valeur de leur actif immobilier, comme l'a fait ressortir la Banque Nationale, hier.

Autre coïncidence sans doute, mais tout aussi bienvenue, la CIBC a révisé à la hausse sa prévision de croissance mondiale. Elle sera de 4,0% l'an prochain, estime l'institution, une prévision plus élevée d'un demi-point de pourcentage par rapport à celle du Fonds monétaire international.

Le déficit budgétaire des États-Unis a reculé de 21% en novembre par rapport au même mois l'an dernier, a indiqué hier le département du Trésor. Le déficit budgétaire s'est établi à 135 milliards US en données brutes en novembre, un mois traditionnellement déficitaire dans l'exercice financier américain. Ce chiffre est meilleur que ce à quoi s'attendaient les analystes, qui misaient sur un déficit de 140 milliards US. Pour ce deuxième mois de l'année financière 2014 - qui a commencé en octobre -, les recettes ont grimpé de 21 milliards US (" 13%), tandis que les dépenses ont diminué de 16 milliards US (-5%). Depuis le début de l'année financière 2014, le déficit confirme cette tendance au recul: il est en baisse de 22%, à 227 milliards US, comparativement à 292 milliards US un an plus tôt. Pour l'année financière 2013, le déficit américain avait fondu de 38%, la plus forte baisse depuis 45 ans, sous l'effet d'une hausse des impôts et de coupes automatiques dans les dépenses publiques.