Avec 99% des voix obtenues, Jean Charest vient de remporter la meilleure élection de sa carrière! «Et je n'ai pas demandé de recomptage!» lance l'ancien premier ministre du Québec, aujourd'hui associé de la firme McCarthy Tétrault.

Mercredi à Paris, Jean Charest a obtenu l'assentiment des actionnaires de l'agence de publicité Publicis Worldwide pour entrer au conseil. C'est le premier conseil auquel il adhère. «Et mon seul pour l'instant, souligne-t-il. J'en ferai d'autres, mais peu, car les responsabilités des administrateurs sont élevées.»

Première décision: se prononcer par vote sur le salaire, entre autres, du grand patron de Publicis Worldwide, Maurice Lévy, dans un pays où on ne souhaite pas légiférer sur le salaire des dirigeants. «Publicis Worldwide est très progressiste, notamment sur ce point et sur la parité à son conseil, composé d'autant de femmes que d'hommes», dit Jean Charest.

S'il a désormais des actions de Publicis Worldwide, Jean Charest arrive en tant qu'administrateur indépendant. Ce poste l'amènera à Paris quatre ou cinq fois l'an pour les réunions et les assemblées annuelles du C.A.

C'est d'abord par le Québec que Jean Charest a eu des liens avec Publicis-BCP, l'agence qui a conçu des campagnes électorales pour le Parti libéral. Mais c'est Maurice Lévy qui a eu l'idée de l'approcher. «Il découvre notre milieu, mentionne M. Lévy. Bien sûr qu'il en est éloigné. Mais mercredi, il a tout de suite participé en posant les bonnes questions.

«Il pourra nous apporter au minimum trois choses, poursuit-il. Le point de vue du candide qui peut soulever des questions auxquelles nous ne pensons même plus. Le point de vue d'un homme d'État qui regarde les choses avec une certaine hauteur et non celui d'un homme d'affaires. Et une dimension internationale, due à l'intérêt qu'il porte à certains pays, comme la Chine.»

D'ailleurs, la veille de sa première assemblée, Jean Charest se trouvait au Sénégal pour officialiser une entente entre le gouvernement du président Macky Sall et la minière canadienne Teranga Gold, dont La Presse Affaires a fait état récemment. «Il fallait renégocier l'entente pour plusieurs raisons, dont des raisons d'exploration et de redevances», résume Jean Charest, qui a consacré trois mois à ce dossier.

Présent à Montréal environ trois jours par semaine, Jean Charest a encore un agenda de... premier ministre, au dire de son conseiller de McCarthy Tétrault. Les semaines à venir le verront quitter le Québec pour Hong Kong, Barcelone et ailleurs, notamment pour prononcer des conférences.

«Mon épouse me l'a confirmé: je ne travaille pas moins qu'avant! raconte Jean Charest. Cela dit, j'aime beaucoup ma nouvelle vie et je suis très heureux. J'ai été bien accueilli chez McCarthy Tétrault. Les cabinets d'avocats changent, s'internationalisent. C'est de très haut niveau ici. Ça m'a beaucoup impressionné.»

S'il est volubile en entrevue, ne comptez pas sur Jean Charest pour glisser un commentaire sur le gouvernement provincial en place pendant la conversation. «Je ne veux pas m'immiscer dans les débats, dit-il. Par devoir de réserve. Je ne dis pas que je ne commenterai jamais un enjeu, mais pour l'instant, je ne dirai rien. J'ai eu 28 ans de vie politique qui m'ont comblé, je ne quitte avec aucune amertume, mais j'ai tourné la page.»

Publicis Worldwide compte 58 000 employés dans 108 pays. Au Canada, Publicis Canada et BCP regroupent 386 employés.