«Pixar fait-elle des films d'abord pour divertir ou faire de l'argent?» La réponse est évidente lorsqu'on pose la question à un directeur artistique. «Pour divertir, répond Jay Shuster... en croisant les doigts! Mais la réalité, c'est que pour chaque WALL-E et Up que nous produisons et qui remporte des prix, nous devons faire des films qui rapportent (Toy Story, Nemo).»

Fabriquer un produit

Et c'est encore plus vrai depuis que le studio d'animation d'Emeryville, en Californie, qui emploie 1200 personnes, a été racheté par Walt Disney Pictures en 2006.

«Quand Dreamworks a produit Shrek, Pixar avait besoin de son Cars, raconte Shuster en marge d'une conférence donnée à l'événement OFF (Penser autrement l'entreprise de demain) d'Infopresse, jeudi.

C'est une franchise incroyable. Cela dit, ça me rappelle lorsque j'ai travaillé sur le premier prequel de Star Wars. Chez Lucasfilm, on n'arrêtait pas de parler de franchise, alors que mon souci était de raconter une très bonne histoire. C'est comme si on pensait à la fabrication d'un produit plutôt qu'à la conception d'un film.»

On exige depuis quelques années de produire davantage à la chaîne. Et on s'active sur les produits dérivés parallèlement à la production des films.

«Toute une aile du siège social est consacrée aux produits dérivés, dit Jay Shuster. On prend nos dessins et on les matérialise. J'avais à peine fini la production de Cars qu'on manufacturait les objets.»

De l'avenir pour Pixar

Jay Shuster, directeur artistique, travaille chez Pixar depuis 2003. Et à la lumière de sa présentation de jeudi, il ne compte pas quitter le studio de sitôt! «La semaine prochaine, on va me remettre un bronze Buzz Lightyear pour mes 10 ans de travail ici, confie Shuster.

«Les autos de Cars ont généré beaucoup d'argent, souligne-t-il plus sérieusement. Mais il y a moyen de créer encore et encore. Avec les courts métrages, par exemple, dont la création sort souvent des règles établies.»

Ouverts aux changements

M. Shuster souligne la façon toute particulière de travailler par rapport à d'autres studios.

«D'autres mettent leur scénario sous verrous avant d'aller en production, note-t-il. Nous, nous réalisons en étant ouverts aux changements. On se pose constamment des questions sur l'histoire qu'on raconte. Et on fait beaucoup de recherche. Il y a de la place pour bouger. Mais c'est une entreprise qui peut coûter plus cher.

«Par ailleurs, toutes les idées peuvent être bonnes ici, poursuit-il. Même les dessins sur des serviettes de table!»