Un long métrage sur l'univers du cyclisme, librement inspiré de la vie de Geneviève Jeanson, manquerait de réalisme sans commanditaires. Depuis août, le producteur Richard Lalonde et l'agence de pub DentsuBos sollicitent de grands annonceurs afin de les intéresser à poser leur logo sur le maillot de cyclisme de Julie.

Julie? C'est le personnage principal du film Le temps des roses, réalisé par Alexis Durand-Brault et scénarisé par Sophie Lorain et Catherine Léger. Athlète dopée, elle aspire à remporter la Coupe du monde. À la veille de la conquête du prestigieux titre, elle fera face aux conséquences d'une pratique illégale qu'elle banalise depuis trop longtemps.

Le tournage, qui s'amorce en avril, se déroulera à Montréal, en Belgique et à Phoenix. «Dès fois, on prend des engagements avec des annonceurs qui ne se concrétisent pas à l'écran, pour des raisons artistiques, note Richard Lalonde, producteur de Forum Films. Là, il y a un naturel de placement de produits, car partout, les équipes de cyclisme sont commanditées.»

Afin d'intéresser les annonceurs et montrer concrètement la visibilité que peuvent retirer les annonceurs qui embarqueront dans le projet, Richard Lalonde a fabriqué un dépliant promotionnel sur la production du film, avec photo de l'actrice Laurence Leboeuf (qui incarnera Julie) en maillot notamment. Une première dans le milieu du cinéma Québec.

Négocier à la pièce

Le logo d'un annonceur qui appuie le film pourrait se trouver sur le devant et le dos du maillot de Julie, par exemple. «Ou sur toute la combinaison, explique Richard Lalonde. Sinon, un autre annonceur pourrait mettre son logo sur les cuissards ou les épaules.»

Le coût? «Il faut négocier à la pièce, dit le producteur. Il y a aussi la possibilité d'être le présentateur du film. Le coût est important, mais avec un rendement élevé possible.» Car le film a une durée potentielle d'exploitation de deux ans, lit-on dans le document, de sa sortie sur grand écran à sa diffusion à la télé, en passant par une tournée de festivals dans le monde entier, sans oublier la sortie en DVD.

Pour le moment, le producteur et l'agence de pub souhaitent rendre attrayant un film dont un des ingrédients est «le dopage». «Je suis confiant de la qualité du placement, mais je suis conscient de la réserve que peuvent avoir les annonceurs à cause du sujet, dit Richard Lalonde. Les gens ont peur du dopage, mais Le temps des roses est un film sur la rédemption, avec des enjeux moraux. Ce n'est pas l'histoire de la machine de Lance Amrstrong, mais d'un problème actuel: la réussite à tout prix et ses conséquences. Le dopage est un sujet de société actuel, aussi intéressant que les enveloppes brunes et les fraudes financières. Il faut en parler!»

Quant au fabricant des vélos dans le récit, il est déjà trouvé. Par ailleurs, l'Amaury Sport Organisation, propriétaire du Tour de France, permet à l'équipe d'Alexis Durand-Brault de filmer une vraie épreuve de cyclisme en Belgique, qui sera intégrée à la fiction.

En rencontre, Richard Lalonde assure des plans rapprochés sur les maillots et plus de 15 minutes de visibilité grâce aux scènes d'entraînement et de course.

Et si les démarches de la production restaient vaines? «Le film impose un commanditaire, soutient Richard Lalonde. C'est un souhait d'en avoir par souci de crédibilité, de réalisme et pour avoir du financement.»

A-t-on pensé solliciter Rona, qui était à l'époque un commanditaire majeur de Geneviève Jeanson qui a avoué s'être dopée à l'EPO? «À la suite du départ récent du dirigeant Robert Dutton, on ne sait pas si la commandite fait partie des priorités de l'entreprise», répond le producteur.