Lance Armstrong, accusé de dopage, est de plus en plus seul: il a été brutalement lâché mercredi par l'un de ses plus solides soutiens, l'équipementier sportif Nike (NKE), et a démissionné de la présidence de Livestrong, sa fondation de lutte contre le cancer.

Une semaine après le rapport accablant de l'Agence américaine antidopage (Usada), qui a détaillé son rôle dans «le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport», l'ancien cycliste américain a annoncé par communiqué qu'il prenait du champ avec Livestrong, une association caritative qu'il avait fondée en 1997 après avoir vaincu un cancer.

Quelques minutes plus tard, Nike, fidèle allié d'Armstrong depuis 1996, l'année où il a appris sa maladie, a coupé les ponts avec le Texan dans un communiqué lapidaire, en raison de «preuves apparemment rédhibitoires sur le fait qu'il s'est dopé et a trompé Nike pendant plus de dix ans».

Un changement de ton complet par rapport au soutien apporté par la firme américaine il y a une semaine après la publication du rapport explosif de l'Usada, fondé notamment sur les témoignages sous serment de 26 personnes, «dont 15 coureurs ayant eu connaissance des activités de dopage au sein du US Postal», l'équipe dans laquelle évoluait Armstrong.

L'agence américaine y dépeint Armstrong sous un jour noir, accusant l'Américain de s'être dopé sous de multiples formes durant l'essentiel de sa carrière, notamment lors de ses sept victoires sur le Tour de France (1999-2005), d'avoir détenu des produits dopants et d'avoir encouragé ses coéquipiers à se doper.

Encore récemment, Nike se disait «triste que Lance Armstrong ne puisse plus participer à certaines compétitions et que ses titres semblent touchés» et ajoutait qu'il a toujours affirmé son innocence de façon «inébranlable».

Près de 500 millions de dollars de dons

Traditionnellement, Nike a toujours soutenu ses athlètes embarqués dans des situations compromettantes. La célèbre marque à la virgule («swoosh») n'a par exemple jamais lâché le golfeur Tiger Woods quand ce dernier s'est retrouvé englué dans un scandale d'infidélité conjugale très médiatique en 2010.

Le basketteur Kobe Bryant avait pu compter sur l'appui de Nike quand il avait été accusé de viol en 2003. Le joueur de football américain Michael Vick, qui a fait de la prison pour avoir organisé des combats de chiens et tué certains de ses molosses pas assez combattifs, a retrouvé un contrat avec Nike après avoir purgé sa peine pendant un an et demi.

Nike n'a jamais publiquement donné de détail sur le montant ou la durée du contrat qui le liait à Lance Armstrong mais la virgule, jaune, la couleur du maillot de vainqueur du Tour de France, était indissociable de l'Américain. La firme de l'Oregon va néanmoins continuer à faire des dons à Livestrong.

Cerné, Armstrong, 41 ans et retraité depuis début 2011, a choisi de s'éloigner de sa fondation afin de la préserver des dommages collatéraux.

«Aujourd'hui, pour épargner à la fondation les effets négatifs liés à la controverse entourant ma carrière de cycliste, je mets fin à mes fonctions de président», a simplement indiqué le Texan dans un communiqué.

Selon son PDG Doug Ulman, Livestrong, lancée en 1997 sous le nom de «Lance Armstrong Foundation» et qui célèbre ses quinze ans d'existence ce week-end, a, grâce au «leadership» de Lance, «eu le privilège d'amasser près de 500 millions de dollars pour venir en aide aux gens touchés par le cancer».

Armstrong a été radié à vie du sport de compétition par l'USADA, qui a invalidé tous ses résultats depuis le 1er août 1998, dont ses sept succès dans le Tour de France. Mais il revient juridiquement à la Fédération internationale de cyclisme (UCI) de priver le Texan de ses victoires dans la Grande Boucle ou de contester la décision de l'USADA en saisissant le Tribunal arbitral du sport (TAS). L'UCI devrait se prononcer avant la fin du mois.