L'ambassadeur du Canada aux États-Unis s'est dit convaincu, jeudi, que les tarifs américains sur l'acier et l'aluminium canadiens pourraient être éliminés d'ici quelques semaines.

David MacNaughton n'a pas explicité davantage la source de son optimisme, si ce n'est pour dire qu'aux États-Unis, on constate de plus en plus que ces tarifs, imposés l'été dernier et toujours en vigueur malgré un nouvel accord commercial nord-américain, font plus de mal que de bien.

L'ambassadeur MacNaughton a fait ces commentaires à Washington lors d'un forum d'une journée sur le libre-échange organisé par le Conseil canado-américain des entreprises.

Il n'a pas identifié ce qui avait bien pu changer dans ce dossier, bien qu'il y ait eu des développements importants sur le front politique américain, y compris la décision du président Donald Trump de déclarer la semaine dernière une « urgence nationale » à la frontière avec le Mexique.

Cette initiative, destinée à contourner le Congrès dans les efforts du président visant à obtenir des milliards de dollars pour financer son mur à la frontière, a effectivement mis un terme à une impasse persistante entre la Maison-Blanche et les démocrates au Capitole, qui détournait beaucoup d'énergies à Washington.

M. MacNaughton est également convaincu que les législateurs américains ratifieront à terme l'Accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM), bien que la question de savoir quand demeure pour l'instant une énigme.

Sur la question des tarifs douaniers, l'ambassadeur du Canada semble toutefois plus optimiste qu'il ne l'a jamais été depuis un moment. « Je pense que nous y arriverons dans les prochaines semaines », a-t-il estimé. « Il est évidemment difficile de prédire avec précision ce qui va se passer ici - il y a beaucoup de mouvement, d'autres sources de distraction -, mais j'ai bon espoir que nous allons y arriver dans les prochaines semaines. »

M. MacNaughton prédit depuis un certain temps une solution rapide au problème des tarifs. Mais on ne l'avait pas senti si sûr de lui depuis longtemps, en particulier lorsque le sujet a été abordé lors d'une table ronde avec le ministre canadien des Transports, Marc Garneau.

« Je pense que nous allons résoudre le problème de manière positive dans un proche avenir », a-t-il déclaré. « Je ne veux pas entrer dans les détails, mais je pense que nous allons résoudre ce problème bientôt [...] même les gouvernements finissent par faire pour le mieux. »

À quand une ratification ?

MM. MacNaughton et Garneau étaient au nombre des élus, diplomates et chefs d'entreprise - passés et actuels - du Canada, des États-Unis et du Mexique réunis à Washington pour comparer leurs notes sur le moment où le Congrès pourrait finalement débattre de l'ACEUM.

Le président Donald Trump n'était pas présent physiquement, mais son ombre planait quand même sur toutes les discussions.

Joe Crowley, ancien représentant démocrate de New York au Congrès, qui a perdu sa nomination l'année dernière aux mains de l'étoile montante Alexandria Ocasio-Cortez, a soutenu que M. Trump avait utilisé la question du commerce « comme d'une arme », s'aliénant du coup deux des plus importants alliés des États-Unis.

Gordon Giffin et Jim Blanchard, deux ex-ambassadeurs américains au Canada, ont partagé un atelier avec l'ancien émissaire canadien Gary Doer, qui ont tous trois exhorté la Maison-Blanche à lever ses tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium. Les trois anciens diplomates ont convenu que l'accord de libre-échange ne pourrait être adopté sans la levée de ces tarifs.

L'ACEUM, qui a été signé par les leaders des trois pays le 30 novembre dernier en marge du sommet du G20 en Argentine, n'a toujours pas été ratifié par les législatures. Aux États-Unis - et mise à part la question des tarifs douaniers -, un certain nombre d'élus démocrates et républicains ont indiqué qu'ils ne soutiendraient pas l'ACEUM sous sa forme actuelle.

Les démocrates, en particulier, soutiennent que l'accord n'est pas assez musclé pour protéger les droits des travailleurs et l'environnement. Certains élus n'apprécient pas non plus les protections étendues des brevets sur les médicaments, mais des responsables américains affirment que ces enjeux pourront être réglés dans d'éventuelles lettres annexes, ou dans le projet de loi au Congrès sur la mise en oeuvre de l'accord.

L'ambassadeur MacNaughton a par ailleurs qualifié de « fausse nouvelle » les rumeurs persistantes sur la colline du Parlement qui l'amenaient à Ottawa remplacer Gerald Butts au poste de secrétaire principal du premier ministre Justin Trudeau.