Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin est le dernier - et l'un des plus prestigieux - invités en date à annuler sa participation à une grande conférence économique organisée à Riyad, un peu plus de deux semaines après la disparition du journaliste saoudien, critique du pouvoir, Jamal Khashoggi.

Cette conférence, organisée par le fonds souverain saoudien, doit se tenir du 23 au 25 octobre et servir de vitrine aux réformes économiques lancées par le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l'homme fort de l'Arabie saoudite.

La réussite de cette réunion mondaine, appelée «Future Investment Initiative», a cependant du plomb dans l'aile après de très nombreuses défections provoquées par le flou qui entoure la disparition de Jamal Khashoggi, lors d'une visite au consulat saoudien d'Istanbul le 2 octobre.

Le site internet de l'événement ne permettait plus jeudi de consulter la liste des intervenants.

Steven Mnuchin, une tête d'affiche eu égard aux relations entre les États-Unis et le royaume,  a finalement annulé son déplacement jeudi après une réunion avec le président américain et le ministre des Affaires étrangères Mike Pompeo, tout juste de retour de Riyad pour tenter de démêler cette affaire.   

Deux jours plus tôt, ce sont les services de la patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde qui avaient annoncé qu'elle repoussait son voyage au Moyen-Orient, qui comprenait une étape à Riyad pour la conférence, mais sans y référer explicitement.

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé jeudi matin qu'il ne se rendrait pas non plus à Riyad. En marge d'un Sommet à Bruxelles, le président français Emmanuel Macron a résumé la position européenne. «Nous avons pris cette décision de manière coordonnée entre Européens. C'est ce qui s'imposait à court-terme compte tenu de la gravité des faits en l'absence de clarification», a-t-il déclaré.

Le Canada aussi passe son tour

Le Canada n'enverra personne à une grande conférence sur les investissements en Arabie saoudite la semaine prochaine à un moment où Riyad est la cible de l'indignation générale, mais des sources insistent pour dire qu'Ottawa n'a jamais eu l'intention d'y envoyer une délégation.

Une importante source gouvernementale a indiqué qu'il n'y aurait aucun ministre, fonctionnaire fédéral ou membre de l'ambassade à la conférence, aussi surnommée « Davos dans le désert ».

En 2017, celui qui était alors ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, avait pris part au tout premier sommet.

Les relations entre le Canada et l'Arabie saoudite s'étaient détériorées en août lorsque Riyad avait suspendu ses liens diplomatiques avec Ottawa et expulsé l'ambassadeur du Canada après que la ministre fédérale des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, eut vertement critiqué le régime sur Twitter à la suite de l'arrestation de militants sociaux.

L'état des lieux de ces défections :

INSTITUTIONS INTERNATIONALES/MINISTRES

 - Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI)

 - Steven Mnuchin, secrétaire américain au Trésor

 - Bruno le Maire, ministre français de l'Économie et des Finances 

FINANCE 

 - John Flint, directeur général de HSBC

 - Tidjane Thiam, directeur général de Crédit Suisse

 - Ajay Banga, PDG de MasterCard

HSBC, Credit Suisse et MasterCard comptent parmi les huit «partenaires stratégiques» de la conférence, tout comme Siemens, dont le patron Joe Kaeser n'a jusqu'ici pas annulé sa venue.

 - Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase

 - Larry Fink, PDG de BlackRock 

 - Stephen Schwarzman, PDG de Blackstone 

 - Bill Winters, directeur général de Standard Chartered

 - Jean Lemierre, le président de BNP Paribas

 - Frédéric Oudéa, directeur général de Société Générale

-David Schwimmer, directeur général du London Stock Exchange

INDUSTRIE/TECHNOLOGIE

 - Bill Ford, président exécutif de Ford 

 - Dara Khosrowshahi, PDG d'Uber  

 - Richard Branson, milliardaire britannique et fondateur du groupe Virgin  

 - Ariana Huffington, patronne de «Thrive Global»

 - Diane Greene, directrice de la branche «cloud» de Google

 - Patrice Caine, PDG de Thales qui sera néanmoins représenté par Jean-Loïc Galle, patron de la coentreprise Thales Alenia Space

MÉDIAS

 - Bob Bakish, PDG de Viacom

Plusieurs groupes de médias (CNN, Bloomberg, The Economist, le New York Times, CNBC ou encore le Financial Times...) ont également annulé la participation de leurs dirigeants ou journalistes à des tables rondes.