La livre sterling a accusé le coup lundi face à l'euro et au dollar, baissant après l'annonce de la démission du ministère des Affaires étrangères britannique, Boris Johnson, qui fragilise le gouvernement de Theresa May.

Vers 10h40, la livre britannique valait 1,3257 dollar contre 1,3283 dollar vendredi vers 17h00, et un euro valait 0,8867 livre, contre 0,8843 livre vendredi.

La devise avait pourtant entamé la séance à la hausse, accueillant plutôt favorablement la démission du ministre du Brexit David Davis, annoncée dimanche soir. À ce moment-là, les cambistes notaient le départ d'un eurosceptique notoire du gouvernement, espérant que l'équipe de Mme May pourrait voguer plus clairement vers un Brexit conciliant avec Bruxelles.

Mais le marché a changé d'interprétation plus tard dans la journée, après la démission d'un autre poids lourd eurosceptique, Boris Johnson, qui vient fragiliser un gouvernement conservateur bâti sur un subtil équilibre entre partisans du maintien de relations commerciales très étroites avec l'UE et supporters d'une rupture plus franche.

«La livre commence à s'inquiéter de la probabilité d'une opposition formelle à Theresa May à l'intérieur du parti conservateur, et de la possibilité de nouvelles élections législatives», a commenté Connor Campbell, analyste pour Spreadex.com, qui souligne néanmoins que la baisse aurait pu être bien pire, la livre ne perdant que les gains accumulés depuis le début de la séance.

Les deux ministres ont démissionné, car ils étaient en désaccord avec Theresa May sur la future relation avec l'Union européenne après le Brexit. Ils plaidaient en effet pour un Brexit dur alors que le plan présenté vendredi par la première ministre faisait plutôt la part belle à un maintien au maximum des relations commerciales avec l'UE, un scénario privilégié par les entreprises et le secteur financier britanniques.

«La position de Mme May comme première ministre est, selon moi, en train de devenir intenable», a renchéri Jordan Hiscott, analyste chez Ayondo Markets.

Depuis plusieurs mois, Theresa May doit concilier deux visions à propos du Brexit, qui s'opposent au sein même de son camp. Elle a en outre déjà dû affronter plusieurs frondes de la part de députés, ne s'en sortant que par de multiples contorsions rendant la position du gouvernement parfois peu lisible.