Les cours du coton échangé à New York ont chuté en début de semaine face à la montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, qui a menacé d'imposer de nouvelles taxes sur la fibre blanche américaine.

« Le marché a dégringolé aussi vite qu'il avait grimpé » à la fin de mai, remarque Peter Egli, de Plexus Cotton.

Le contrat pour livraison en décembre sur l'Intercontinental Exchange, le plus échangé actuellement, évoluait ainsi le 22 juin en cours de séance à 85,14 cents contre 89,85 cents à la clôture il y a une semaine. Il avait descendu le 20 juin à 82,94 cents.

« Les prix avaient déjà commencé à redescendre en raison de l'absence de nouveaux acheteurs [NDLR : réticents à s'engager à des prix à leurs plus hauts niveaux depuis 2012] et d'éléments techniques, mais ils sont vraiment tombés quand le président Trump a relancé les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine en menaçant d'imposer de nouveaux tarifs », ajoute-t-il.

Pékin a en effet riposté en annonçant entre autres des droits de douane supplémentaires à hauteur de 25 % sur les importations de coton américain.

« Il faut toutefois attendre de voir si l'impact sur le coton est aussi important que certains courtiers le craignent », nuance M. Egli.

La Chine, dont les réserves de fibre blanche ont beaucoup baissé dernièrement, « va probablement devoir importer plus de coton au cours des prochaines années, y compris du coton américain », rappelle-t-il.

De plus, « il ne faut pas oublier que le marché du coton a toujours été très réglementé en Chine, qui a pendant de nombreuses années imposé des taxes à l'importation pouvant monter jusqu'à 40 % », ajoute-t-il.

Pour s'approvisionner en fibre blanche, Pékin va probablement « se tourner vers l'Australie, l'Afrique de l'Ouest et le Brésil, mais cela va sans doute y augmenter le coût du coton et, à plus ou moins long terme, la Chine se tournera de nouveau vers le coton américain, aux prix alors plus attrayants », prédit le spécialiste.

« Les exportateurs indiens font déjà part d'une augmentation de la demande en provenance de Chine », remarquent aussi les analystes de Commerzbank.

Mais, « la Chine ne peut pas complètement remplacer le coton américain », indiquent-ils également.

« Le coton indien va probablement devenir un peu plus cher, et des clients habituels de l'Inde, comme le Bangladesh et le Vietnam, vont devoir se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement, peut-être aux États-Unis. »

L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, s'affichait à 93,40 dollars les 100 livres jeudi, contre 101,45 dollars la semaine précédente (-7,9 %).