L'administration Trump a remis un coup de pression sur la Chine mardi en dévoilant qu'elle préparait toujours des mesures punitives contre la Chine, en dépit de la trêve annoncée il y a dix jours, une attitude aussitôt dénoncée par Pékin.

Le communiqué de la Maison-Blanche est contraire au consensus auquel les deux parties sont parvenues récemment, a réagi le ministère chinois du commerce, cité par l'agence de presse chinoise Xinhua, exhortant Washington à se conformer «à l'esprit de leur déclaration commune» publiée le 19 mai.

La Maison-Blanche a indiqué poursuivre son plan pour imposer des droits de douanes de 25% supplémentaires «sur 50 milliards de biens chinois contenant des technologies importantes». «La liste finale des importations en question sera annoncée d'ici le 15 juin et les tarifs seront imposés peu après», a-t-elle précisé dans un communiqué.

Les restrictions sur les investissements chinois aux États-Unis et les contrôles accrus des exportations américaines vers la Chine seront, eux, dévoilés «d'ici le 30 juin» pour une application également «peu après», poursuit la Maison-Blanche. Au nom de la «sécurité nationale», elle veut limiter la capacité de Pékin à acquérir des technologies américaines.

«Quelles que soient les mesures que les États-Unis prennent, la Chine est confiante dans ses capacités et son expérience pour défendre les intérêts de la population chinoise et les intérêts fondamentaux du pays», a également commenté le ministère chinois du commerce.

La Maison-Blanche assure néanmoins que les «discussions vont se poursuivre» avec pour objectif que Pékin mette un terme à «ses nombreuses barrières commerciales» qui empêchent les entreprises américaines de faire des affaires en Chine.

Ces informations sont publiées quelques jours avant un nouveau déplacement du secrétaire au Commerce Wilbur Ross à Pékin pour poursuivre les discussions sur le commerce qui, pour l'heure, se sont soldées par un «consensus», dévoilé le 19 mai, pour réduire de manière substantielle le déficit des États-Unis avec la Chine.

Pékin a accepté pour ce faire d'augmenter considérablement ses achats de biens et services américains, notamment dans le secteur agricole et le secteur de l'énergie, tout en promettant d'ouvrir davantage son marché aux marchandises américaines.

Ce «consensus» s'était également accompagné d'une trêve dans leur guerre commerciale, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin et le vice-premier ministre chinois Liu He annonçant la suspension de leurs menaces de représailles respectives.

Un consensus mais pas d'accord 

Pour autant, les deux parties avaient reconnu que les discussions devaient se poursuivre pour parvenir à un véritable accord.

En particulier, les discussions achoppent sur la demande de la Maison-Blanche de réduire de 200 milliards de dollars le déficit américain qui s'élevait à plus de 375 milliards l'an passé.

Pour l'heure, Pékin n'a pas accepté ce montant jugé par certains économistes «irréalistes».

Le communiqué mardi de la Maison-Blanche se présente comme une «mise à jour» des mesures annoncés le 22 mars lorsque le président Donald Trump a signé «un memorandum ciblant l'agression économique de la Chine».

L'administration Trump avait alors évoqué des mesures contre des importations chinoises d'un montant de quelque 50 milliards de dollars et des restrictions des investissements chinois afin de mettre un terme à ce qu'elle affirme être la concurrence «déloyale» de Pékin et le «vol de propriété intellectuelle».

S'en était suivie une escalade de tensions, Pékin prenant à son tour des mesures de représailles sur des biens américains d'un montant équivalent.

Depuis une dizaine de jours, le climat semblait pourtant apaisé entre les deux pays particulièrement interdépendants sur le plan commercial et financier.

La Chine avait ainsi levé une mesure antidumping prise contre les importations de sorgho américain avant d'annoncer, il y a exactement une semaine, la réduction, dès le 1er juillet, de ses droits de douane de 25% à 15% sur les voitures.

Vendredi, Donald Trump avait de son côté annoncé un accord pour régler le contentieux sur le groupe chinois de télécommunications ZTE provoquant la colère d'élus du Congrès, démocrates ou même républicains.

En contrepartie de la levée de l'interdiction d'exporter des composants américains, ZTE devra s'acquitter d'une amende de 1,3 milliard de dollars et changer ses dirigeants.

La nouvelle hausse de ton de la Maison-Blanche intervient enfin au moment où des documents révèlent qu'Ivanka Trump, fille et conseillère du président américain, s'est vu octroyer en mai par la Chine l'enregistrement de marques à son nom, quelques jours avant la levée par son père de restrictions frappant ZTE.