Les États-Unis et la Chine ont repris jeudi leurs délicates négociations commerciales sous la menace de la possible entrée en vigueur, dans moins d'une semaine, de sanctions américaines qui relanceraient le spectre d'une guerre commerciale.

Donald Trump, qui devait s'entretenir jeudi après-midi avec le vice-premier ministre chinois Liu He, en visite cette semaine à Washington, n'a pas caché son pessimisme.

À la question de savoir s'il y aurait un accord avec Pékin, Donald Trump a souligné qu'il avait «tendance à en douter». «Et la raison pour laquelle je doute est que la Chine a été trop gâtée. Parce qu'ils ont toujours eu 100% de ce qu'ils voulaient de la part des États-Unis», a-t-il ajouté.

La réunion avec le haut responsable chinois, un proche du président chinois Xi Jinping, n'était initialement pas à l'agenda du président américain. «Cela signifie qu'il y a un grand intérêt à poursuivre les négociations et à essayer de parvenir à des solutions concernant des pratiques commerciales déloyales et illégales», avait commenté plus tôt son conseiller économique Larry Kudlow. «C'est ce que nous voulons».

Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin dirige en outre jeudi et vendredi des discussions avec la délégation chinoise dirigée par Liu He, chargé de piloter la politique économique du géant asiatique et qui avait mené une première session de pourparlers à Pékin il y a deux semaines avec des hauts responsables américains, dont M. Mnuchin. Mais ces tractations s'étaient achevées sans avancées majeures.

Les réunions dans la capitale fédérale sont ainsi le prolongement des discussions qui se sont déroulées en Chine. Elles sont «centrées sur le rééquilibrage des relations économiques entre les États-Unis et la Chine», avait précisé mercredi la Maison-Blanche, qui exige notamment de Pékin une réduction de 200 milliards du déficit commercial des États-Unis avec la Chine - il a atteint 375 milliards en 2017.

Donald Trump, qui n'a de cesse de dénoncer les pratiques commerciales «déloyales» de la puissance asiatique, a estimé jeudi que le commerce était «une voie à sens unique» avec ses partenaires commerciaux.

Pékin dans l'attente

Déjà sous le coup de taxes de 25% sur ses exportations d'acier vers les États-Unis et de 10% sur celles d'aluminium, la Chine est aussi menacée de nouvelles taxes sur 50 milliards de dollars de marchandises pour compenser ce que Washington considère comme du vol de propriété intellectuelle aux dépens des entreprises américaines.

Un délai de consultation sur la liste des produits chinois qui seraient touchés par ces nouvelles mesures américaines doit expirer le 22 mai. Si aucun compromis n'est trouvé d'ici là sur le rééquilibrage des échanges sino-américains, cette nouvelle menace serait mise à exécution.

De son côté, la Chine a agité la menace de représailles sur les biens américains à hauteur de 50 milliards de dollars. Elle a prévenu qu'elle répondrait mot pour mot aux mesures de rétorsion américaines.

Pékin a en particulier dans le viseur les produits agricoles, dont le soja américain très dépendant du marché chinois et dont les États où il est produit sont favorables au président républicain.

La viande de porc américaine et des automobiles fabriquées aux États-Unis sont par ailleurs dans le collimateur des douanes chinoises, qui ont annoncé un renforcement des inspections sur ces produits.

Le ministère chinois du Commerce a dit jeudi espérer que les négociations aboutissent à une résolution des différends. «Mais nous nous tenons bien sûr prêts à répondre à toute éventualité», a indiqué son porte-parole, Gao Feng.

Sur la table des négociateurs se trouve aussi le dossier ZTE. Le géant chinois des télécoms a dû cesser ses principales activités, conséquence de la décision de l'administration Trump d'interdire pendant sept ans l'exportation de composants électroniques américains destinés à ZTE.

Donald Trump a souligné jeudi que le président chinois lui avait demandé d'intervenir dans ce dossier dans la mesure où de nombreux emplois chinois étaient en jeu. «Je lui ai dit que je regarderais. [...] Mais quoi que nous fassions pour ZTE, c'est une petite partie de l'accord général», a-t-il commenté.

Les réunions de jeudi et vendredi sont cruciales pour éviter une guerre commerciale entre les deux puissances qui pourrait avoir, selon le Fonds monétaire international (FMI), des répercussions sur la croissance mondiale.