Face à la menace de taxes américaines, la Chine a appelé lundi les États-Unis à «cesser l'intimidation et l'hégémonie économiques», tout en soulignant qu'elle gardait la porte «grande ouverte» aux négociations pour éviter une guerre commerciale.

Le président américain Donald Trump a donné jeudi son feu vert à des mesures punitives sur des produits chinois importés d'une valeur pouvant atteindre 60 milliards de dollars. Une initiative qui renforce le risque d'un conflit commercial majeur entre les deux pays.

Ces taxes à venir ciblent des secteurs dans lesquels Washington accuse depuis longtemps Pékin d'avoir procédé à des vols de technologies américaines. «L'ère de la reddition économique a cessé», s'était alors félicité le vice-président américain, Mike Pence.

«Cette phrase sonne d'une manière vraiment étrange. Il aurait été plus adéquat de dire qu'il est temps de cesser l'intimidation et l'hégémonie économiques des États-Unis», a répliqué lundi Mme Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine avait réagi vendredi en dévoilant une liste de 128 produits américains sur lesquels elle appliquera des droits des douanes de 15% à 25%, en cas d'échec des négociations bilatérales actuelles.

Parmi eux, des fruits frais, la viande de porc et l'aluminium recyclé : les produits importés visés atteignaient un montant de trois milliards de dollars l'an dernier.

L'annonce de Pékin répond officiellement aux taxes que les États-Unis imposent déjà sur leurs importations d'acier et d'aluminium.

«Pas de suprématie»

«Nous avons la capacité de protéger nos intérêts légitimes et légaux, quelles que soient les circonstances. La balle est désormais dans le camp américain», a souligné Mme Hua.

«Les États-Unis doivent comprendre qu'au XXIe siècle, le commerce international a besoin de règles, pas de suprématie», a-t-elle martelé.

Malgré les tensions actuelles, les deux pays ont engagé des consultations en coulisses pour améliorer l'accès des entreprises américaines au marché intérieur chinois, a écrit ce weekend le Wall Street Journal.

Elles portent sur différents secteurs, dont l'industrie manufacturière et les services financiers, affirme le quotidien des milieux d'affaires américains qui cite des sources anonymes.

«Nous le disons depuis toujours : la Chine est disposée à mener des négociations avec les États-Unis afin de gérer de manière adéquate nos divergences, sur la base du respect mutuel et de bénéfices mutuels égaux», a déclaré la porte-parole Hua Chunying.

«Notre porte est toujours grande ouverte au dialogue et aux consultations», a-t-elle souligné.

Mnuchin à Pékin ?

Selon le Wall Street Journal, les discussions sont menées côté américain par Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor, et Robert Lighthizer, le représentant au Commerce, et, côté chinois, par Liu He, vice-premier ministre et principal responsable économique en Chine.

MM. Mnuchin et Lighthizer auraient envoyé la semaine dernière à M. Liu une lettre dans laquelle ils demandent à Pékin de réduire les taxes sur les voitures américaines, d'acheter davantage de semi-conducteurs américains et de permettre aux entreprises américaines un meilleur accès au secteur financier chinois.

Dans un entretien téléphonique samedi avec Steven Mnuchin, Liu He avait «accepté de continuer à communiquer» sur les questions commerciales, avait de son côté annoncé l'agence de presse officielle chinoise Xinhua.

Le secrétaire américain au Trésor envisage par ailleurs d'effectuer un voyage à Pékin pour mener à bien ces négociations, toujours selon le Wall Street Journal.

«Je suis prudemment optimiste sur la possibilité d'un accord, mais si nous n'y parvenons pas, nous allons appliquer les taxes», a néanmoins affirmé dimanche M. Mnuchin sur la chaîne de télévision américaine Fox News.