Le géant bancaire américain Goldman Sachs estime que la récente réforme fiscale aux États-Unis amputera cette année ses résultats d'environ 5 milliards de dollars, selon un document transmis vendredi aux autorités de régulation américaines.

Cet effet négatif exceptionnel s'explique essentiellement par une nouvelle taxe, mise en place par l'administration Trump pour inciter les multinationales à rapatrier leurs bénéfices aux États-Unis.

L'effet à long terme sur la situation financière de Goldman devrait donc être bénéfique même si les résultats du trimestre en cours, et par conséquent de l'année 2017, devraient souffrir de cette opération comptable. La banque doit présenter ses résultats trimestriels et annuels le 17 janvier.

Les analystes financiers s'attendent actuellement en moyenne à un bénéfice par action, la référence de la rentabilité d'une entreprise en Amérique du Nord, de 5,10 dollars pour les trois mois en cours, soit un bénéfice net trimestriel de l'ordre de 2 milliards de dollars. La banque n'a toutefois pas précisé vendredi de quelle ampleur serait l'impact sur ce bénéfice par action et son résultat net.

«L'impact de la législation fiscale pourrait être différent de cette estimation, et de manière significative, en raison entres autres de changements dans l'interprétation et des calculs faits par la banque, des conseils qui pourraient être donnés et des initiatives que la banque pourrait prendre en fonction de cette législation fiscale», souligne à ce propos Goldman Sachs dans le document transmis à la Commission des opérations en Bourse américaine (SEC).

La réforme fiscale récemment adoptée par le Congrès américain, qui baisse notamment l'impôt sur les bénéfices des sociétés de 35 à 21%, prévoit également que les entreprises puissent rapatrier leurs bénéfices actuellement détenus par leurs filiales à l'étranger à un taux de 8% pour les actifs illiquides et de 15,5% pour le numéraire.

Goldman aurait actuellement plus de 250 milliards de dollars d'actifs détenus à l'étranger et qu'il ne voulait pas rapatrier jusqu'à présent pour ne pas être soumis à une imposition à 35%.

Goldman Sachs n'est pas la seule entreprise à avoir fait part récemment de l'impact estimé de la réforme fiscale américaine sur ses résultats.

La banque Credit Suisse prévoit ainsi de déprécier ses actifs d'environ 2,3 milliards de francs suisses (2,94 milliards canadiens) au quatrième trimestre 2017 en raison de la réforme

La compagnie pétrolière Royal Dutch Shell va enregistrer une charge exceptionnelle au quatrième trimestre évaluée entre 2 et 2,5 milliards de dollars. Le groupe, comme de nombreux autres, avait profité d'un système lui permettant de payer moins d'impôts compte tenu de résultats financiers peu reluisants ces dernières années. Les impôts étant désormais moins élevés aux États-Unis, le gain attendu de cet étalement du paiement des taxes est moindre.

La banque britannique Barclays a, elle, annoncé une charge de 1 milliard de livres pour les mêmes raisons.