La Banque d'Angleterre (BoE) a prévenu mardi les banques britanniques qu'elles devraient mobiliser 11,4 milliards de livres de capital supplémentaire d'ici fin 2018 afin de faire face aux risques liés au crédit à la consommation et au Brexit.

La banque centrale, en tant qu'un des régulateurs du secteur bancaire, a dévoilé cette mesure dans son rapport de stabilité financière, qui fait le point sur l'état de santé du secteur bancaire dans le pays.

«Les risques évoluent toujours et c'est ce qui a conduit aux actions prises aujourd'hui», a expliqué le gouverneur de la BoE Mark Carney, lors d'une conférence de presse, appelant à une «extra-vigilance».

La BoE va relever à 0,5% le taux servant à calculer le montant de fonds propres nécessaires pour encaisser tout choc, avec entrée en application le 27 juin 2018, puis à 1% en novembre 2018. Ce taux avait été abaissé à 0% juste après le vote pour le Brexit, la banque centrale voulant alors alléger le fardeau des banques pour qu'elles puissent prêter plus facilement.

La BoE précise en outre qu'elle aura d'ici la fin de l'année en sa possession les résultats des tests de résistance menés sur les principaux établissements britanniques en 2017.

Les fonds supplémentaires que devront prévoir les banques, évalués au total à 11,4 milliards de livres (12,9 milliards d'euros), pourront être mobilisés rapidement en cas d'événement majeur de nature à perturber fortement le système financier.

Parmi les risques évoqués par M. Carney, figure celui «associé à l'éventail de résultats possibles du processus du Brexit et aux différents chemins y menant».

La sortie de l'Union européenne «peut potentiellement avoir un effet sur l'économie britannique, à travers l'offre, la demande et les taux de change», a-t-il rappelé.

Le Royaume-Uni commence en effet à subir les premières conséquences du vote pour le Brexit, qui a entraîné une chute de la livre qui se traduit par un renchérissement des biens importés et une poussée de l'inflation propre à comprimer le pouvoir d'achat des ménages.

La BoE a par ailleurs évoqué les risques potentiels liés à la forte poussée du crédit à la consommation, largement utilisé par les Britanniques dans leurs achats quotidiens, ainsi que les risques mondiaux qui pourraient avoir un impact sur l'économie britannique ou sur la valorisation des marchés.

Le Brexit a en outre fait l'objet d'une partie à part entière de son rapport.

La banque centrale, qui a appelé les banques à clarifier leurs projets en réponse au Brexit d'ici mi-juillet, a rappelé qu'elle était en faveur d'un «ajustement ordonné» à la nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l'UE.

Elle estime que les plans de précaution mis en place par les grands établissements sont un bon moyen de limiter les risques du Brexit sur le système financier.

Le secteur financier britannique est très dépendant de l'Union européenne et craint d'être lourdement pénalisé par la sortie du marché unique défendue par le gouvernement.

C'est la raison pour laquelle la plupart des grands établissements financiers tentent de s'adapter à cette nouvelle configuration avec parfois des déplacements d'emplois prévus hors du Royaume-Uni surtout dans leur activité de banque d'investissement, la plus dépendante de l'Europe.