Pour «la santé, l'éducation et le niveau de vie», un tiers des pays africains ont atteint des niveaux de développement «moyens ou élevés», selon un rapport publié lundi par la Banque africaine de développement (BAD).

Même si «les progrès sur le front du développement humain restent lents et inégaux», «18 pays africains» sur les 54 que compte le continent atteignent désormais un «niveau de développement moyen ou élevé», selon les «Perspectives économiques en Afrique» publiées conjointement par la BAD, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

L'Afrique du Nord «affiche les niveaux les plus élevés, approchant de la moyenne mondiale, mais toutes les sous-régions ont enregistré des améliorations régulières» depuis le début du XXIe siècle, selon le document.

Cependant, «malgré les avancées obtenues depuis dix ans», 544 millions d'Africains (sur une population totale de 1,2 milliard) vivent toujours dans la pauvreté.

Le Rwanda, suivi par le Ghana et le Libéria, ont enregistré le plus de progrès dans la lutte contre la pauvreté depuis 2005. Le Rwanda notamment a mis en place un programme d'assurance maladie communautaire qui permet de couvrir près de 9 habitants sur 10.

En Afrique du Nord, l'Égypte et la Tunisie sont dotées de systèmes d'assurance-maladie couvrant respectivement 78 % et 100 % de la population.

Les dépenses dans l'éducation, cruciales pour le développement, sont supérieures à 6 % du produit intérieur brut (PIB) en Afrique du Sud, au Ghana, au Maroc, au Mozambique et en Tunisie notamment. Cependant le Nigeria y consacre moins de 1 % de son PIB.

En tête des problèmes qui contribuent le plus à la pauvreté en Afrique figurent «le manque d'accès au combustible pour la cuisine, à l'électricité et à l'assainissement». Ainsi en Afrique subsaharienne, 645 millions de personnes sont privées d'accès à l'électricité.

L'alimentation constitue un défi majeur pour l'Afrique de l'Est, tandis que le manque de scolarisation est le plus gros problème de l'Afrique de l'Ouest.

Cinq pays se distinguent sur le plan du respect de la parité hommes-femmes : au Botswana, en Namibie, au Rwanda, au Lesotho et à Maurice, «les femmes atteignent des niveaux de développement humain presque équivalents à ceux des hommes».

La BAD pointe par ailleurs la gravité du phénomène du chômage des jeunes sur le continent: la moitié d'entre eux sont sans emploi et un tiers occupent des «emplois vulnérables».

«S'ils veulent actionner le levier de sources de croissance plus stables pour stimuler le développement humain, les pays devront consentir davantage d'investissements dans le capital humain, santé, éducation et compétences», déclare le président du Groupe Banque africaine de développement, Akinwumi Ayodeji Adesina, cité dans le rapport.

Sur le plan économique, la croissance moyenne du continent, après 2,2 % en 2016, devrait rebondir à 3,4 % en 2017, puis s'accélérer à 4,3 % en 2018, sous réserve «de la poursuite du redressement des cours des matières premières, du renforcement de l'économie mondiale et de la consolidation des réformes macroéconomiques intérieures».

L'Afrique de l'Est reste la zone la plus dynamique, grâce notamment au géant éthiopien, devant l'Afrique du Nord. L'Afrique est toujours «la deuxième région la plus dynamique du monde, derrière les pays en développement d'Asie».

La demande intérieure, soutenue par l'accroissement démographique et la montée en puissance des classes moyennes, s'établit comme moteur de la croissance alors que les cours des ressources naturelles sont soumis aux aléas des marchés mondiaux.

La classe moyenne, que le rapport évalue à 350 millions de personnes, et dont «le pouvoir d'achat s'améliore constamment, recèle un immense potentiel en termes de prospérité».