La banque américaine JPMorgan va déplacer rapidement des centaines d'emplois depuis Londres vers Dublin, Francfort et Luxembourg afin de conserver un accès libre au marché unique après le Brexit, a déclaré mercredi un de ses responsables à l'agence Bloomberg.

«Nous allons utiliser les trois banques que nous avons en Europe comme port d'attache à nos opérations», a déclaré Daniel Pinto, le directeur général des opérations de banque d'investissement de JPMorgan, dans une interview donnée à Riyad (Arabie saoudite) à Bloomberg.

«Nous devrons bouger des centaines de personnes à court terme de façon à être prêts dès le premier jour, lorsque les négociations se termineront, puis nous nous pencherons sur les nombres à plus long terme», a-t-il ajouté.

Jusqu'à présent, le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, avait évoqué de façon générale un déménagement de 4000 postes à cause du Brexit, mais sans préciser d'échéance ni de destination.

Comme pour ses concurrentes, les opérations de banque d'investissement de JPMorgan risquent d'être directement touchées par la perte éventuelle du «passeport financier européen», qui permet actuellement aux banques présentes au Royaume-Uni de mener leurs opérations librement dans les autres pays de l'UE.

Cette facilité risque de prendre fin lorsque le Royaume-Uni sortira du marché unique européen dans le cadre du Brexit, dont les négociations s'ouvrent entre Londres et Bruxelles pour deux ans.

Mercredi toujours, une grande banque britannique, Standard Chartered, a fait part de son intention de transformer son bureau de Francfort en une filiale à part entière pour pouvoir accueillir des opérations qu'elle ne pourrait plus conduire depuis Londres à cause du Brexit.

«Nous confirmons avoir déposé une demande pour créer une filiale à Francfort», a expliqué une porte-parole de cette banque, particulièrement présente dans les activités d'investissement et les opérations sur les marchés.

«Cela ne signifie pas que notre siège va quitter le Royaume-Uni ni que notre engagement faiblira vis-à-vis de Londres», a-t-il souligné. Concernant les emplois, elle a précisé que Standard Chartered prévoyait «d'embaucher un petit nombre d'employés localement (à Francfort) et que l'impact sur l'emploi au Royaume-Uni sera minimal».

Parmi les autres grandes banques ayant chiffré leur nombre d'emplois qui devraient quitter le Royaume-Uni, HSBC et UBS ont évoqué chacun un millier de postes, Deutsche Bank autour de 4000 et Goldman Sachs quelques centaines.